20.05.04
J - 12 (10) = 20 mai
Laissez-moi vous conter une fable…C’est une histoire simple de pieds et de fleurs, de 2 extrêmes que tout oppose et que le destin va réunir. Il était une fois 2 pieds car comme homme et femme, certaines créations de la Nature sont faites pour aller en couple. Ils cheminaient, résignés, sur le parcours de leur existence, enfermés qu’ils étaient quand le soleil brillait, ne sortant qu’à la lune venue.
Sous cette lumière magique, l’idée folle de voir le jour leur vint…
En tordant leur cou et en visant à travers les replis des draps chiffonnés, ils aperçurent un trait blanc dans le ciel. De longues nuits d’efforts leur furent nécessaires pour être certains qu’ils ne rêvaient pas, il y avait bien un signe.
Ce délire né d’une imagination trop longtemps bridée prit son envol, ils pouvaient rêver, ils en avaient le droit. Ils verraient le jour, un jour…
Le temps fut encore long pour qu’eux qui vivent le jour à l’horizontale, la nuit à la verticale puissent trouver leurs repères et soient capables de retourner le chemin du ciel pour comprendre qu’il pointait vers l’horizon.
Le temps fut encore plus long pour qu’en se précédant chaque fois d’un pas, ils empruntent enfin, étourdis, l’ombre solaire du chemin de leur rêve. Mais ils le firent…
Trouvant dans ce contact d’êtres libres la force de croire en ce qu’ils étaient, oh pas grand-chose… mais ils étaient, et surtout ils seraient. Et un jour, le soleil les aveugla, le vent les décoiffa, l’herbe les chatouilla, un insecte les amusa. Plus personne ne les enfermerait jamais, leur vie était enfin devant eux.
Qui peut dire ce qu’elle sera ?
Mais elle sera, le chemin était là, inquiétant et sublime, ils hésitaient… on n’oublie pas des années d’enfermement si facilement et il y avait des cailloux, des trous, de la terre. Tout ce qu’ils n’avaient jamais connu, le lisse goudron de leurs jours passés semblait si loin, ils se surprirent à rire. Ils n’avaient jamais ri, des pieds ne rient pas, des pieds ont une fonction clairement définie et ce n’est pas celle de rire.
Une fraction d’éternité plus tard, une voix les appela. Ils s’arrêtèrent inquiets, on ne leur parlait jamais ou bien alors si mal. La voix provenait de ces curieuses créatures violettes qui bougeaient sans cesse avec le vent.
- Bonjour ! dirent les fleurs
- Bonjour… répondirent les pieds
- Vous venez de loin ?
- Nous… nous ne savons pas…
- Ah, vous venez de vous échapper ! Nous en voyons passer beaucoup comme vous par ici, c’est ce chemin qui veut ça !
- Nous ne sommes pas les premiers ?
- Oh non ! Vous êtes même de plus en plus nombreux...
Le vent changea brusquement de direction et les fleurs exhalèrent un parfum magnifique à l’intention de leurs nouveaux amis, les pieds.
- Mais… c’est vous, cette odeur, c’est vous ?
- Oui, c’est un cadeau que nous vous faisons, pour que votre chemin soit beau et que vous y trouviez ce que vous y chercher !
Les pieds, bouleversés, ne surent que répondre et se mirent en marche, leur vie désormais leur appartenait…
De cette rencontre impossible entre des fleurs et des pieds, deux vies avaient basculé et le monde se trouvait un peu plus... humain !
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