05.05.04

J - 27 = 5 mai
3h24, cinquième et, je le crains, dernier réveil de ma nuit…

Les images se bousculent, s’entrechoquent, se télescopent. Elles virevoltent dans un cerveau submergé qui ne parvient plus à les traiter et qui, par réflexe de survie, réveille son hôte pour tenter de reprendre le contrôle.

Respiration courte, courbatures dans trop d’articulations et de circonvolutions, regard sur ma femme qui dort paisiblement, je reviens à cette réalité avec ce trop plein onirique complété des interrogations que cette agitation légitime.

Brève visite aux quatre garçons, ils dorment profondément, chacun à leur manière, chacun dans leur bulle, ils m’apaisent. Il faudra encore des années, sans doute, pour qu’ils comprennent à quel point, eux aussi me font grandir.

De cette enfance si malheureuse, si exigeante, je ne suis pas encore totalement sorti. Jean-Louis dirait que cela explique cette sorte de rougeole qui m’affecte en ce moment… Jean-Louis ne dira rien puisqu’il l’a également attrapée !

La tristesse d’un enfant à des effets quantiques, le temps, son temps est bouleversé. Il s’écoule plus rapidement, le sablier voit son diamètre intérieur s’ouvrir, s’élargir sous la pression méchante de l’environnement.

Mais par un effet de rééquilibrage, dont l’échelle nous échappe, le temps d’un enfant malheureux se ralentit ailleurs. Il ne mûrit pas de la même façon que les autres, il reste fragile, tendre, avec la sensibilité de ses années de pleurs, de peur.

Un développement anticipé doit cohabiter avec une tendresse conservée, mélange étonnant, mélange détonnant, mélange de sourire et de grimace, mélange du lion et du cancer, du soleil et de la lune parce qu’il paraît que le hasard n’existe pas…

Le chemin de vie des enfants tristes est une expérience particulière, savoir marcher plus vite que les autres tout en les regardant nous dépasser dès que l’émotion entre en jeu, et quel jeu.

Arrivé à la quarantaine, cette architecture de vie différente à ses atouts. Le cœur est rose, doux et malléable, la chair est souple, l’âme demandeuse, toujours irriguée qu’elle est, de larmes généreuses.

Le chemin de Compostelle, mon chemin de Compostelle, est un écho. Un jour, le diapason du temps des hommes s’est fait entendre, sa fréquence a visité ma modeste histoire, est remonté jusqu’au Big Bang de mes débuts chaotiques et m’a proposé une visite dans ma dimension.

L’univers connu s’est déchiré, j’ai aperçu un sentier qui serpentait, si tentant. L’image de ma mère est brièvement apparue et j’ai pris rendez-vous. J’irai marcher vers le soleil couchant, j’irai entendre le rythme de ma vie, et, si les puissances qui ont imaginé notre Monde le veulent, un grand garçon de 16 ans donnera la main à un plus petit, son père, lorsqu’ils arriveront, là-bas, du côté de Santiago…

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by Manuel at 04:29:37
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