06.11.04

Samedi 6 novembre
Traversée émouvante…

"Glacier, 5 novembre 2004"

Ce panorama rappellera des souvenirs à de nombreuses personnes, le glacier des bossons représentait pour l’enfant que j’étais comme une sorte de sentinelle qui gardait l’entrée du tunnel du Mont-Blanc. Lorsqu’on le voyait, on était tout prêt de l’aventure que représentait ce passage au centre de la terre.

J’assaillais mes parents de questions, comment ceci, pourquoi cela ? Emerveillé autant qu’impressionné, je craignais par-dessus tout que la montagne ne me tombe sur la tête. Je ne respirais vraiment librement qu’à la vue de ce curieux demi-cercle de lumière qui sanctionnait la réussite du passage.

Puis le 24 mars 1999, tout a basculé…

Les images de l’enfer sont encore présentes dans nos mémoires et dans le cœur des familles, amis et proches des 39 personnes qui y ont laissé leur vie. L’aventure innocente de mes jeunes années avait pour toujours basculé dans l’horreur.

J’étais de ceux qui pensaient que le tunnel aurait dû dès lors rester fermé mais l’argent et l’oubli ont été les plus forts et les camions sont revenus souiller l’endroit du martyre. J’ai refusé pendant des années de « cautionner » cette décision et n’ai plus emprunté le tunnel.

Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie d’y retourner. Dans la montée, je me suis arrêté vers le très émouvant monument dédié aux victimes, avec ses 39 éclairs qui partent du centre de la montagne vers l’au-delà. Comme 39 trajectoires interrompues qui ont trouvé leur dernière destination…

"39 éclairs vers..."

Au moment de pénétrer dans le tunnel, je me sentais mal, très mal. Avec au coin de l’âme, la sensation de commettre un sacrilège, avais-je le droit de poser mes roues, là où…

Ce sentiment a atteint son apogée vers le kilomètre 6, là où…

"No comment"

La sortie fut très longue à se présenter, j’avais honte d’avoir souhaité revenir dans ce boyau, conduit dramatique, intestin diabolique qui menait… où d’ailleurs ? Lorsque j’ai émergé, j’ai dédié une pensée à ceux dont j’avais croisé le chemin tragique à quelques 5 années d’intervalle.

On n’aurait jamais dû rouvrir ce tunnel aux camions, jamais !

Un peu plus loin, en me retournant, j’ai jeté un coup d’œil à la montagne, partageait-elle mon sentiment pour se voiler ainsi d’un linceul de nuages ?

"La Nature est triste..."
by Manuel at 18:17:21

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