05.10.05
Jeudi 6 octobre
Pourquoi écris-tu ces lignes, Louis-Ferdinand ?
Je parle bien entendu de celles que Louis-Ferdinand Destouche, dit Céline, a écrites dans les années 30 et surtout répétées et soutenues pendant l’horreur nazie et la collaboration française.
La littérature est décidément schizophrène puisqu’elle sépare sans difficulté morale l’auteur de son œuvre, rendant grâce à un phénomène décrit par votre serviteur dans d’autres écrits comme :
« Il faut du fumier pour faire pousser les roses, de la merde pour la plus emblématique des fleurs… »
L’homme Céline passant donc à la trappe de la postérité pour laisser place perpétuelle au « Voyage au bout de la Nuit », « D’un château l’autre » ou « Nord ».
Céline aura donc marqué, défriché, déblayé les pistes nauséabondes sur lesquelles notre humanité tente de trouver sa voie, entre télévision et micro-onde, supermarché et scandales, fin de mois difficiles et millionnaires instantanés.
Les hommes politiques messianiques sont morts et enterrés, ne restent plus que des bataillons d’affairistes de tous bords qui ont passé au rouleau compresseur de leurs ambitions personnelles les attentes légitimes de leurs concitoyens.
Appliquant à la lettre le principe LFC (Louis-Ferdinand …) de ce qui reste lorsque l’on a fait les comptes, pour l’auteur une place garantie sur les rayonnages des bibliothèques publiques et pour les politicards (J’ai failli écrire …tocards) une situation personnelle drastiquement améliorée.
Ce principe s’il a évolué dans sa forme semble inamovible sur le fond, de l’antisémitisme criminel de Céline à l’aveuglement suicidaire de Bush, le flux et le reflux, la répétition inlassable, l’oubli d’hier et surtout le refus de considérer les conséquences pour le lendemain.
Céline est l’un des génies littéraires du XX ème siècle et l’un de ses plus immondes salauds, nous avons oublié le second et chantons les louanges du premier, cette mémoire sélective (Qui rend hommage à la superbe notion de pardon) questionne malgré tout sur les ravages de la lâcheté congénitale de notre espèce.
Laissons la conclusion à Céline lui-même avec cet extrait du « Voyage… » :
- Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat...
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans... Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi... Je ne pleurniche pas dessus moi... Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle.
Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir.
A demain…
by Manuel at 23:05:09
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