30.06.04

36 ème étape – 30 juin – Azofra => Castildelgado (Via San Domingo de la Calzada)
(27,6 kilomètres et 35’392 pas – Cumulés : 921,51 kilomètres et 1'137’074 pas)

Encore une étape franchie, celle des 900 kilomètres, ceci sous un soleil de plomb qui semble toujours autant décidé à nous accompagner. Nous avons entendu au journal télévisé que l’Espagne battait des records de chaleur et donc de consommation d’énergie.

Il est alors presque anecdotique de relever la température de 36° de tout à l’heure, il est plus intéressant de remarquer que nous venons de vivre notre 36 ème jour sans pluie, j’ai peine à croire qu’il soit possible que cela continue jusqu’au bout mais qui sait…

A l’entame de notre dernier mois, je ressens, comme jamais encore d’une manière si forte, la sensation d’être loin, physiquement mais aussi émotionnellement, intellectuellement, humainement, aurais-je envie de dire.

Les personnes que j’ai laissées n’ont plus l’air d’être en phase avec moi, elles semblent très loin elles aussi. Nous échangeons des banalités au téléphone, nous parlons des faits du jour avec la sensation bizarre d’un écho de désintérêt de leur part, peut-être que ces longues journées dans la chaleur avec moi-même cassent la possibilité même d’une communication, peut-être…

Ce soir, nous sommes au bout du monde connu, Castildelgado. J’ai écrit que Azofra, notre étape d’hier soir, était peuplé de personnes âgées et bien ici ce n’est même plus peuplé. Il y a des poissons rouges dans la fontaine municipale dont l’eau n’est pas potable, l’église a été bricolée avec des briques, les quelques portes possibles vers l’autre sont toutes marquées d’un « Cerrado » définitif et le soleil anesthésie toute velléité de vie humaine.

Un ruban d’asphalte permet à ceux qui « voiturisent » de traverser ces zones dont les hommes ne sont pas maîtres, nous les regardons passer de loin, ne croyant même plus que nous sommes du même acier. Nous sommes passés de l’autre côté…

Je sens que nous pénétrons en territoire inconnu, que le chemin va accomplir son œuvre, qu’il va nous ramener à la portion congrue d’êtres si fragiles qu’une dizaine de degrés supplémentaires, anéanti. Que nos certitudes, comme autant de bâtons de marche vermoulus, vont craquer, nous laissant sur 2 jambes flageolantes pour toute assise, n’est-ce pas Saint François ?

Partager avec vous des sentiments, des impressions, des émotions, c’est un des objectifs de ce blog. Mon esprit est si vagabond ce soir que je vais commenter quelques photos du jour, ce sera, je l’espère, plus clair ou moins confus…

Fontaine de Azofra

"4 fils d'amour..."

4 filets d’eau, comme 4 sources de vie, comme les 4 éléments, les 4 saisons, les 4 points cardinaux et mes 4 merveilleux fils.

El Rollo de Azofra

"Ethique et toc !?"

Monument qui représenterait un rouleau pour symboliser la justice (Que j’écris volontairement avec une minuscule me référant à celle des hommes). D’autres y voient une épée fichée en terre, j’y ai vu une borne sur mon chemin et un encouragement à poursuivre dans une certaine morale.

San Domingo de la Calzada

"No comment"

C’est ici qu’un pèlerin en marche pour Santiago, injustement accusé de vol par une servante dont il avait repoussé les avances, a été pendu. Sur le chemin du retour, ses parents passant sous le corps de leur fils ont eu l’incroyable surprise de l’entendre parler ! Courant vers le juge, ils s’entendirent répondre par cet homme en train de déguster du poulet rôti que leur fils avait autant de chance d’être vivant que ce coq et cette poule de chanter…

Et les 2 volailles de se faire entendre, et le fils d’être dépendu, et la servante de le remplacer, et Saint Jacques de veiller sur ses pèlerins.

Tour de San Domingo

"Je ne m'enfuis pas, je vole..."

Foyer de nombreuses cigognes comme tant d’églises rencontrées, superbe rencontre. Au premier plan, sur la droite, le parador de la ville qui est l’ancien hôpital édifié par Saint Dominique, à visiter.

Croix des vaillants

"No comment"

Commémorant la victoire de l’ascète Martin Garcia de Grañon sur un bedonnant concurrent de San Domingo…

Cigogne

"No comment"

Magnifique…

Michael dans Grañon

"16 ans en juillet, pas mal, non ?"

Bravo mon fils, tu m’impressionnes chaque jour par ton courage et ta détermination, que l’un et l’autre t’accompagnent dans tous les pas de ta vie…

Presque en Castille y Leon

"La foi déplace les montagnes..."

Derrière l’horizon, un jour, il y aura moi…

En Castille y Leon

"En groupe..."

L’étape, c’est le 2 ème village au fond à gauche…

Ce mois de juin se termine, enfin. Nous sommes partis en mai (J’oublie notre semaine test d’avril), nous avons marché toutes les pages du calendrier de juin, celles de juillet s’annoncent, qu’elles soient belles et intenses pour Michael.

Pour moi, je ne demande rien. Oh, ce n’est pas facile tous les jours, c’est même franchement le contraire mais l’environnement visible et invisible est si riche que je laisse mon destin s’accomplir, cela fait si longtemps que j’attendais ça…

by Manuel at 19:40:52
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29.06.04

35 ème étape – 29 juin – Navarrete => Azofra
(22,30 kilomètres et 28’596 pas – Cumulés : 893,91 kilomètres et 1'101’682 pas)

Pour clore la journée d’hier et son maelström d’émotions, je dirais simplement ( !) qu’après avoir fréquenté les anges à Torres del Rio, j’ai eu l’impression de voir leurs belles ailes blanches être maculées de boue. Une illustration, la couleur de l’eau du bain que nous nous réjouissions de prendre grâce à la baignoire de Navarrete. Il y a des jours où notre condition de rampants nous est rappelée trop fortement !

"On l'attendait tant notre bain..."

Nous sommes partis de bon matin, en bénéficiant d’un vent frais qui promettait de palier pour quelque temps aux effets d’un ciel uniformément bleu annonciateur d’une nouvelle journée très chaude. Le chemin passe devant le cimetière de Navarrete, fameux pour son portail roman, vestige de l’hôpital Saint Jean d’Acre.

"No comment"

Le paysage, très vert, est un antidote efficace à la monotonie tant il distille à doses régulières son lot d’église (Ici celle de Ventosa)

"Tout simplement splendide !"

De constructions « pèlerines » toujours émouvantes

"No comment"

"No comment"

Les éléments sont à leur place pour un sentiment d’harmonie retrouvé

"Tout est à sa place, même moi..."

Je me suis presque cru dans le Luberon !

"Ce serait bien si j'y étais... maintenant !"

A l’entrée de Najera, un poème accueille les pèlerins (Ici un fragment)

"La vérité se dévoilera à la fin..."

La paix était revenue en moi

"Najera, 29 juin 2004"

Plus loin, le village de Najera fêtait la San Pedro, chaque habitant se promenant avec un fagot de bois sous le bras qu’il s’apprêtait à faire brûler. Une odeur de viande grillée se répandant entre les immeubles.

"San Pedro 2004"

A la sortie de Najera, les grands espaces invitaient à nouveau l’âme à se reposer

"A nouveau seuls avec nous-mêmes..."

Nous sommes arrivés tôt à Azofra, notre étape du jour, vu le faible nombre de kilomètres à parcourir. La place du village est à l’image de beaucoup de ces endroits que nous traversons, ils existent encore parce que les aînés y passent leur retraite (Michael a calculé que la moyenne d’âge s’établissait à 95 ans !) mais après ?

"Maison des Jeunes, humour..."

Quoique, je conclus sur une note positive pour l’animation de ce village qui vient d’ouvrir une auberge pour pèlerins, ultra moderne, composée de 30 chambres doubles qui va assurément avoir beaucoup de succès dans les années à venir et devenir le nouveau standard. J’y ai fait une superbe sieste de 3 heures et Michael, fidèle à une excellente habitude, y dort encore…

Les jours se suivent sur notre chemin, ils ne ressemblent pas comme les multiples facettes d’une âme si perfectible en quête de vérité…

N.B : A usage interne, ce blason aperçu dans une église de Logroño…

"No comment"
by Manuel at 18:23:02
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28.06.04

34 ème étape – 28 juin – Torres del Rio => Navarrete (Via Logroño)
(33,12 kilomètres et 42’471 pas – Cumulés : 871,61 kilomètres et 1'073’086 pas)

Une journée qui s’annonçait radieuse

"Lever du jour à Torres del Rio"

Et se révéla décevante, terriblement décevante…

"Une statue à Logroño..."

A demain !
by Manuel at 19:53:35
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27.06.04

33 ème étape – 27 juin – Estella => Torres del Rio
(28,04 kilomètres et 35’955 pas – Cumulés : 838,49 kilomètres et 1'030’615 pas)

La scène se passe là, quelque part au milieu de tout et de rien

"Fier de mon fils !"

« Alors, mon fils, tu es millionnaire ? »

« Oui, cela fait drôle (Un instant de réflexion puis il reprend)… En tout cas, ce million on l’aura mérité ! »

Mon fils, Michael Martin, est millionnaire depuis ce matin, je suis si fier de l’annoncer. Millionnaire en pas, pas en argent, des pas en or pour son avenir car s’il a pu faire 1 million de pas sur le chemin de Compostelle, il trouvera sûrement la ressource pour en faire d’autres dans la vie.

Après une nuit auquel le mot fait référence mais qui restera comme un long, long moment d’incompréhension, nous sommes partis d’Estella vers 5h30 ce matin. En effet, cette ville a fêté je ne sais quoi toute la nuit sous nos fenêtres, m’interdisant plus de 3 heures de sommeil. A 4h30, nous avons pris la décision de partir afin d’échapper aussi bien à la fiesta finissante qu’à la terrible chaleur annoncée (Hier, il a fait 37°…).

Après quelques kilomètres en compagnie d’un pèlerin espagnol, qui avait spécialement prévu une bouteille à cet usage, nous sommes arrivés vers la célèbre fontaine de vin d’Irache ! A destination des pèlerins à qui elle promet « force et vitalité » pour le « camino », elle se compose de 2 robinets, celui de gauche est pour le vin, celui de droite pour l’eau.

"Fontaine, vin et eau..."

Il ne comprenait pas que je ne sois pas intéressé par le vin et y voyait même une sorte d’irrespect de la tradition qui pourrait nous porter malheur… Quelle tête n’a-t-il pas fait lorsqu’il a réalisé que sa fontaine était à sec alors que la nôtre coulait !

"Caramba, c'est raté !"

Nous sommes repartis ensemble mais l’avons laissé assez vite, perturbé qu’il était des possibles effets boomerang de ses malédictions imprudemment lancées. Le soleil ne s’était toujours pas levé et la lumière était spéciale.

"26 juin 2004, juste avant le lever du soleil..."

Il s’est décidé alors que nous marchions en direction d’un réservoir connu pour avoir abrité une truite censée prouver la qualité de l’eau, la truite était aux abonnés absents ou peut-être avait-elle migré dans le réservoir de vin, précédemment cité ? Ce déménagement potentiel expliquant les 2 changements constatés !

"La truite est partie..."

La fin de notre matinée s’est passée à traverser l’environnement présenté en entrée de chronique. Pour Alice qui se demande ce que donne une barbe que je ne rase plus et pour être sûr qu’elle me reconnaisse quand nous nous retrouverons, voici une photo de votre serviteur à l’entrée de cette zone, que d’autres ont qualifiée de « biblique », ils n’avaient pas tort…

"Elle pousse..."

L’impression ressentie à marcher longtemps dans un endroit pareil est indescriptible, il n’y a rien et pourtant c’est habité… parce qui nous habite depuis toujours mais qui n’a pas la possibilité de se manifester dans nos existences « normales ». Bien après, la traversée de « Los Arcos » nous a valu le plaisir de la découverte de cette magnifique église

"Superbe..."

Une dizaine de kilomètres avant « Torres del Rio », notre étape, nous avons rencontré un pèlerin français qui marche, marche, marche jusqu’à 50 kilomètres chaque jour et qui dort lorsqu’il n’en peut plus à l’endroit où il se trouve. Hier soir, c’était sur le banc en pierre d’une église chauffé par le soleil de la journée. Ce chemin était le reflet de la folie et du génie des hommes, nous nous en rendons chaque jour plus compte.

"Impressionnant !"

En parlant de rencontre, vous vous souvenez certainement de ce pèlerin qui se rend à Compostelle avec son cheval et que nous avons rencontré la première fois dans les environs de Lodève ? Et bien, il est ici ! Je lui ai dit qu’il ne parvenait pas à nous lâcher mais il n’a pas ri, soucieux qu’il était de trouver un hébergement pour sa monture et lui pour la nuit.

"On ne le lâche pas !"

Quant à nous et bien, cela va mieux ! Arrivés à 11h30, nous avons dévoré (Soupe aux légumes, omelettes aux pommes de terre et flan pour ce qui me concerne !) et avons fait une sieste intéressante, 3 heures pour moi et déjà 5 heures pour Michael qui dort encore à cette heure-ci…

Je conclus avec cette vue du village où nous dormons

"Torres del Rio"

Et de la responsable de l’auberge des pèlerins, charmante et attentive

"Merci pour votre gentillesse !"

by Manuel at 18:19:12
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26.06.04

32 ème étape – 26 juin – Puente La Reina => Estella
(22,33 kilomètres et 28'634 pas – Cumulés : 810,45 kilomètres et 994’660 pas)

Pour une fois, commençons par la fin ! Il fait chaud :

" ? "

Nous nous y attendions en ayant remarqué des mises en garde diffusées par la télévision espagnole à destination des personnes âgées et des malades. La recommandation était simple, restez chez vous et surtout tranquille. Difficile à concilier avec les impératifs d’un pèlerinage…

En plus de paysages sympathiques, d’un nombre de kilomètres tout à fait raisonnable et d’une ville-étape charmante, nous avons eu droit aujourd’hui à une mémorable partie de rigolade ! La raison ? Nos amis cyclistes qui tentent de concilier leur passion du VTT et le chemin de Compostelle.

"Limite maillot jaune..."

En pratique, cela donne des coups de sonnettes intempestifs pour doubler les lents piétons que nous sommes dans les parties plates et les descentes, avec l’avantage d’être frôlés par des athlètes littéralement aspirés par le champ d’étoiles. Là où l’affaire se corse, c’est à l’apparition, non d’une quelconque entité supérieure, mais d’une simple montée…

Les illuminés récents s’éteignent bien vite, descendent de leur inerte destrier et, suants, bouchonnent les lents marcheurs qui s’amusent en lançant des « Pardons ! » sonores avant de les doubler sans aucune pitié !

" Voiture balai ! "

Ils auraient bien besoin de Georges S., grand vététiste devant l'Eternel, qui est je l'espère heureux dans sa nouvelle vie. Qu'ils n'oublient pas ceux qui faisaient partie de l'ancienne...

Cette étape était encore une fois placée sous le signe du blé

"No comment"

Qui arrive à maturité

" Les jours sont venus..."

Tout comme nous lorsque nous sommes parvenus à Estella dont voici quelques images :

"No comment"

" Magique ! "

" Intemporel "

" Place Saint-Martin "

Demain, Torres del Rio et une trentaine de kilomètres à accomplir sous la chaleur, nous nous y préparons en buvant des litres d’eau. Vous qui êtes au frais, pensez à nous car c’est seulement le début !

Je souligne encore le franchissement des 800 kilomètres et un autre chiffre qui excite beaucoup notre imagination mais qui est notre objectif de demain donc je n’en parle pas plus.

Si loin (Je ne parle pas de distance…) de chez nous, nous avons chacun nos décomptes et nos bornes. Pour moi, je sais que dans 27 jours je pourrais enfin serrer les miens dans mes bras, qu’est-ce que 27 jours ?

Ne me le demandez pas, je pourrais vous en dire beaucoup (Trop) ! Bon dimanche…

by Manuel at 20:23:51
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25.06.04

31 ème étape – 25 juin – Pamplona => Puente La Reina
(18,61 kilomètres et 23’866 pas – Cumulés : 788,12 kilomètres et 966’026 pas)

Mini étape particulièrement bienvenue tant, je viens seulement de le réaliser, la traversée de l’Aragòn et de la Zaragoza fut éprouvante. Ces lieux déserts, si puissants en termes d’émotion et d’environnement m’ont comme aspiré et une partie de mon fluide vital est resté entre la gare de Canfranc et Yesa…

Comment décrire ces perspectives dans lesquelles l’homme est, au mieux, invité ? Mes heures de marche en direction de ces éperons rocheux, qui semblaient toujours reculer, pouvaient pousser un esprit fertile à se poser des questions sur le statut de l’être qui l’hébergeait.

Etait-il vivant, était-il mort, était-il entre deux et si oui plus près duquel ?

Pampelune m’a reconnecté avec notre monde et cette étape a balayé les dernières brumes de l’Aragòn. Riche idée que cette dernière étape décalée de Monreal à Puente La Reina pour Pampelune => Puente La Reina ! Pourquoi ?

Parce que vous connaissez sans doute : « Quand je m’analyse, je m’inquiète, il n’y a que quand je me compare que je me réjouis ! ». L’autoroute à pèlerins annoncée était bien là puis que nous en avons doublé une trentaine en moins de 20 kilomètres alors que nous n’en avions pas vu une dizaine depuis un mois sur la Voie d’Arles.

"2004, année sainte..."

Cela peut paraître prétentieux d’indiquer « doublé », c’est juste un témoignage à nos premiers 750 kilomètres et un hommage à la première étape de beaucoup d’entre eux. Ils iront mieux, non demain les pauvres, mais dans quelques jours lorsqu’ils auront digéré coups de soleil, crampes et cloques en tout genre.

Cette mini étape nous a permis d’arriver vers 12h30, de bien manger et de faire une sieste de 2 heures pour votre serviteur et de plus de 3 heures 30 pour Michael qui dort encore pendant que je rédige cette chronique. A mon réveil, je suis allé visiter Puente La Reina, notamment son église Santiago et son fameux pont.

"No comment"

Celui que nous emprunterons demain matin pour quitter cet endroit que j’avais imaginé depuis des mois comme étant le basculement entre l’avant et l’après.

"Bientôt millénaire !"

Il nous reste 670 kilomètres jusqu’à Santiago et 29 jours, le plus dur est-il accompli ? Les larmes innombrables déjà versées, les questionnements permanents, les remises en cause systématiques ont bien entamé celui qui était parti. Maria Callas que j’écoute en rédigeant pourrait témoigner de mon émotion actuelle. J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir et tant de chance d’être si bien entouré pour espérer y parvenir.

Je comprends tout doucement les paroles de ceux « qui l’ont fait » et qui disent qu’il est très dur de marcher mais que ce n’est rien à comparer à ce qui se passe à l’intérieur ; il faut tout casser, tout détruire, tout oublier… jusqu’à ce que ce qui est incassable, indestructible et inoubliable soit là.

Sa part d’humanité, si tenue, si menue, si faible mais si vraie. Voir ce que l’on n’a jamais vu, revoir ceux que l’on ne verra jamais plus… Tout à l’heure, je n’étais pas seul dans l’église, je le sais, j’étais avec ma femme, mes enfants, ma mère et… moi.

Le petit garçon ose pleurer parce qu’il est devenu grand et que personne ne lui fera jamais plus de mal, il est à présent inaccessible, écho si lointain d’un futur antérieur. Il pleurera encore beaucoup jusqu’à Compostelle, il en a sans doute besoin pour convaincre l’adulte qu’il est devenu qu’il doit accepter de mourir… pour repartir de cet être qu’il était et qu’il n’a pu devenir.

Il me reste moins d’un mois, les derniers jours d’un condamné qui marche vers sa renaissance, le chemin derrière moi doit être humide de mes larmes…

N.B : Ce matin, j’avais très envie de parler à Alice. Au même instant, cette vierge est apparue sur ma droite derrière un bouquet d’arbres et mon portable a sonné, c’était ma chérie de début septembre qui était en ligne…

"No comment"
by Manuel at 19:45:44
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24.06.04

30 ème étape – 24 juin – Sangüesa => Monreal (Pamplona)
(23,46 kilomètres et 30’086 pas – Cumulés : 769,51 kilomètres et 942’160 pas)

Avant toute chose, grâce aux efforts ininterrompus de Alice, j’ai récupéré ma connexion GPRS. Normalement, cela devrait me permettre de ne plus jouer à l’Arlésienne… Merci, mon Amour !

Nuit réparatrice bien que nos voisins à l’hôtel aient cru bon rentrer à minuit et nous faire profiter de cloisons de l’épaisseur d’une feuille de papier pour un moment de ménage/réalité. Départ à 7h30, après un petit-déjeuner franchement light (Habitude espagnole ?), nous espérions alors trouver une boulangerie ouverte (Le pain c’est pratique le matin !).

Espoir vain car les 2 boulangeries croisées étaient en pleine grasse matinée…

Nous avons quitté notre compagnon de route depuis l’étape du Somport, le Rio Aragòn, pour nous diriger vers Rocaforte qui serait l’ancêtre de Sangüesa. En lieu et place du gasoil d’hier soir, une odeur doucereuse flottait déjà dans l’air lorsque nous sommes sortis, c’est rapidement devenu insupportable, la raison s’étalait devant nous en arrivant à Rocaforte.

"Je pollue donc j'essuie !"

Une « splendide » usine de quelque chose avec de jolies cheminées crachant une fumée dont j’ai décrit l’odeur comme celle de la saucisse à la confiture, lorsque l’on se rappelle que je suis végétarien…

Nous avons continué notre ascension, suant copieusement malgré l’heure matinale et le renfort de quelques ventilateurs géants !

"Je brasse donc..."

Une longue promenade à travers les coteaux nous attendait, annoncée par ce beau passage

"Appel vers..."

La terre d’ici est excellente pour les éoliennes, la preuve ? Un nombre important d’entre elles a poussé le long de la ligne de crête

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />e la bonne terre et..."

Nous n’avons croisé que 2 villages avant de décider de terminer l’étape en marchant sur la route, pourquoi ? Au risque d’en choquer plus d’un, j’ai beaucoup de peine à adhérer pendant des jours et des jours à l’idée de « tourner autour » de l’ancien chemin, actuellement sous le goudron, simplement pour éviter la circulation.

"Le chemin... aujourd'hui !"

Chaque personne qui accomplit le pèlerinage de Compostelle va décider de son point de départ et de la longueur de sa peine, sachant que pour recevoir le « diplôme » de pèlerin, 100 kilomètres à pied et 200 à vélo suffisent. Et alors, me direz-vous ou me dira-t-il ?

"Il m'a demandé..."

C’est simple, mon but est de relier Compostelle en 2004, de plus année sainte, je suis un citoyen de mon temps, les voitures, les camions, la vie telle qu’elle est aujourd’hui sont mon quotidien. J’ai envie d’évoluer, de faire cette mutation attendue, espérée, dans « mon » monde, je ne veux pas vivre cette aventure spirituelle dans une bulle hors du temps qui, une fois éclatée à Santiago, emportera avec ses reflets irisés les derniers échos de ce que j’aurais cru comprendre (Ci-après, l’église de Monreal).

"No comment"

Cela ne veut pas dire que je recherche ces inacceptables instruments de pollution, bien au contraire, mais lorsque l’on part de chez soi 2 mois, on ne perçoit pas toujours l’Alpha et l’Omega de ces sentiers qui tentent de coller au plus près le chemin historique tout en l’ignorant et en créant des itinéraires certaines fois illogiques (Un passage à Monreal).

"No comment"

Ces tentatives de recréer un monde disparu pour quelques jours ou semaines (Il faut se souvenir que la plupart des pèlerins font le chemin en plusieurs tronçons répartis sur plusieurs années pour de compréhensibles questions de disponibilité) me feraient craindre à titre personnel, si j’y adhérais, de refermer à jamais la porte de ce monde passé, une fois que je l’aurais quitté !

Retour à notre journée, en attendant le bus pour Pamplona, un petit garçon jouait devant nous. Mes petits garçons à moi, Maxence et Mallory, sont immédiatement apparus devant mes yeux et ont créé un sentiment horrible de manque, ce chemin est souvent dur avec ses hôtes.

"Comme vous me manquez..."

J’en profite pour féliciter Manuel Jr qui a reçu aujourd’hui un Prix d’Excellence pour sa brillantissime année scolaire, ne t’inquiètes pas Manu même si tu sembles y être abonné, nous ne nous y habituons pas et cela nous fait toujours autant plaisir !

Ce soir, nous avons visité Pampelune avec entrain et avons décidé, Michael et moi, de vous envoyer une image chacun de cette ville attachante. La mienne provient de la magnifique San Saturnino (Un clin d’œil à ceux qui savent…) :

"No comment"

Celle de Michael est agrémentée de ce commentaire : « Le pantalon le plus taille basse que j’ai jamais vu ! »

"Short comment..."

Le sacré et le profane, les sentiers et les nationales, ce chemin est plus jamais de notre temps puisqu’il est celui des hommes…

A demain !

by Manuel at 23:04:13
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29 ème étape – 23 juin – Berdùn => Sangüesa (Via Yesa)
(33,29 kilomètres et 42’691 pas – Cumulés : 746,05 kilomètres et 912’074 pas)

« La » journée manichéenne type qui a alterné le meilleur et le détestable.

Le meilleur, vu qu’il resterait 725 kilomètres à parcourir de Sangüesa à Compostelle et que notre compteur présente, fièrement, le chiffre 746, cela signifie que nous avons franchi la moitié de notre pèlerinage !

Que nous avons moins à accomplir que déjà accompli, c’est merveilleux tant cette journée fut dure par d’autres aspects…

Berdùn est un endroit si puissant que malgré le lieu très sympathique où nous nous sommes arrêtés, je ne suis parvenu à dormir que 4 malheureuses heures en tout et pour tout. Il faut dire qu’avant de me coucher, je suis allé faire le tour de ce village bâti sur une colline au milieu d’une immense vallée et que mon imagination a fait le reste.

Nous nous sommes levés tôt et avons levé le camp avant 7 heures dans un silence irréel, il n’y avait que les hirondelles réveillées pour nous dire au revoir.

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />ebout les gars..."

Peu de temps après, une ébauche de tour de Babel a relancé mon imagination qui n’en demandait pas tant !

"No comprendo..."

Nous avions décidé de passer la nuit au Monastère de Leye et pour ce faire devions longer la rive droite du lac de retenue du barrage de Yesa. La circulation était anecdotique mais les lignes droites longues, très longues…

"Long est le chemin..."

Elles nous ont conduit dans la province de Zaragoza.

"No comment"

Qui présente des paysages superbes

"No comment"

Auxquels le lac artificiel apporte sa contribution certaine

"No comment"

Comme pour Berdùn, au détour d’une courbe, nous avons découvert une vraie image de légende !

"Surgie du passé..."

Le bord du lac méritait une visite que nous avons faite,

"Environnement..."

avant de pique-niquer presque les pieds dans l’eau

"Rêve..."

Avant de quitter définitivement cet endroit, je me suis retourné et ai eu droit au plus beau des au revoirs…

"Incroyable !"

En pénétrant en Navarre,

"Changement..."

la chaleur et la fatigue se sont conjuguées pour nous faire manquer le monastère et nous obliger à faire des kilomètres en plus afin de rejoindre Sangüesa. Heureusement à 8 kilomètres du but, un charmant monsieur s’est arrêté à notre hauteur et nous a demandé d’où nous venions, lorsque nous lui avons répondu, il a dû juger que cela suffisait et nous a épargné la fin de l’étape, merci à lui !

"Enfin arrivés..."

Merci aussi au CyberPoint « Elicad » de Sangüesa qui m’a enfin permis de mettre en ligne les chroniques de notre arrivée en Espagne, que Luis Mari Elizalde Sabalza et son partenaire ici en photo soient félicités pour leur gentillesse et leur compétence !

"Muchas Gracias"

Sangüesa est une ville qui ce soir sent le gasoil (!) mais est charmante, quelques images :

"No comment"

"No comment"

"No comment"

"No comment"

Demain Monreal et une spécialité « Martin », nous irons dormir à Pamplona pour rejoindre Puente la Reina par la fin du chemin de Roncevaux, ce chemin nous invente pourquoi ne pas l’inventer à notre tour ?

by Manuel at 21:34:41
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23.06.04

Commentaire 23 juin - 19h00
J'ai enfin pu charger les chroniques des 2 derniers jours au CyberPoint de Sangüesa !

Je ne sais pas quand je pourrais partager avec vous celle d'aujourd'hui, Vodafone semblant en petite forme depuis 3 jours...

Nous poursuivons notre chemin, il est incroyable et fascinant, si loin de tout ce que nous avions pu imaginer (Soyez aimables avec votre serviteur qui a un clavier sans accents, cela limite le choix des mots ! Autrement : Ñ, etc...)

Merci pour votre patience
by Manuel at 19:12:29
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28 ème étape – 22 juin – Jaca => Berdùn
(28,74 kilomètres et 36’854 pas – Cumulés : 712,76 kilomètres et 869’383 pas)

Le cap des 700 kilomètres a été franchi aujourd’hui lors d’une étape qui a nous fait comprendre en une seule journée que nous avions changé de pays, voire de monde car autant Jaca est une ville qui correspond en tous points à nos repères, voir son impressionnante citadelle ci-après,

"A voir..."

il ne faut que peu de kilomètres pour que la densité humaine plonge d’un facteur mille et que la Vallée de l’Aragón se remplisse de blé

"No comment"

pour résonner aux cris des oiseaux mais pas des hommes.

"Fly..."

Résonance propre au raisonnement,

"Je pense donc..."

A certains moments, je me suis senti plus loin que jamais de ce que j’étais encore il y a si peu de temps et que j’ignore si je redeviendrais. A ce changement de pays, de langue, d’environnement correspondait une sensation de mouvement intérieur.

"No comment"

J’imaginais les pèlerins d’antan sur de mauvais chemins, avec leur semblant de chaussures qui devait leur blesser les pieds, l’âme aussi inquiète de ne pas revenir vivant que de ne pas accomplir leur voyage et je pestais contre mes propres limites et angoisses, si dérisoires face aux leurs… Je fus détourné de mes pensées par d’autres pèlerins croisés en route qui nous ont salué d’un « Buon Camino ! ». Ce divertissement accéléra notre arrivée à Santa Cilia de Jaca où Michael pu poser en compagnie de Saint Jacques !

"En bonne compagnie..."

Encore une fois la sensation fut celle du vide puisque presque personne ne se montra, jusqu’au magasin d’alimentation qui était fermé. Nous avons dû nous contenter d’un morceau de pain comme seul repas, avec en arrière-pensée nostalgique les vitrines de Jaca imprudemment délaissées.

"Une certaine impression de vide..."

Le long chemin restant jusqu’à Berdùn se résume à la traversée de Puente la Reina !

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />ommage..."

de Jaca malheureusement, autrement cela aurait signifié que nous serions une centaine de kilomètres plus avant…

Puis une route interminable à travers des paysages indescriptibles, j’espère que les photos parviendront à restituer l’émotion ressentie

"Une autre dimension..."

Jusqu’à ce village de Berdùn sorti en une fraction de seconde de nulle part, au détour d’un virage, pour nourrir notre imagination et notre quête

"Si surprenant !"

Ce soir, nous sommes plus loin que nous n’avons jamais été de ceux que nous aimons et pourtant mon âme vibre à leur présence comme s’ils étaient là, c’est qu’ils doivent l’être…

by Manuel at 19:06:25
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27 ème étape – 21 juin – Bedous => Jaca (Via Col du Somport)
(31,24 kilomètres et 40’061 pas – Cumulés : 684,02 kilomètres et 832’529 pas)

Un jour charnière, passage, évolution, changement, etc…

Nous sommes en Espagne ! Quand je repense à nos mois de préparation et de réflexion, ce changement de pays m’apparaissait comme virtuel tellement il était lointain et surtout précédé de près de 700 kilomètres de marche et pourtant… nous y sommes.

Je ne regrette pas ma décision concernant le bus jusqu’au Somport car certaines sections de la montée (Pour information, plus facile que le Ventoux !) se résumaient à 2 voies de circulation sans aucun espace additionnel en largeur. Je ne sais pas où nous nous serions échappés lors du croisement de 2 camions.

Nous avons appris, pour les futurs pèlerins, que les autorités locales envisageaient de défricher l’ancienne voie ferroviaire afin de garder leurs visiteurs en vie, excellente initiative à suivre.

Lors de ce trajet, nous avons fait la connaissance d’un personnage très intéressant, notre chauffeur… Jonathan Diaz (A ma droite sur ce cliché pris au Col du Somport)

"Une histoire extraordinaire"

a découvert par hasard, il y a quelques années à la gare désaffectée de Canfranc, une liasse de vieux documents qui traînaient sur le sol. Intrigué par ces papiers à la présentation mystérieuse, il en a entrepris l’analyse… Que n’avait-il pas fait !

Il venait de mettre la main sur des pièces qui établiraient l’existence du passage, au début des années 40, de plus de 80 tonnes d’or nazi en Espagne. Ceci avec la participation d’une société suisse ! Sa curiosité a valu à Jonathan bien des soucis mais une jugeotte naturelle au dessus de la moyenne et des documents de valeur, lui ont permis de sortir victorieux des embûches judiciaires que les sociétés mises en cause lui ont tendues.

Il est en cours de rédaction d’un ouvrage qui va conter par le menu, le destin sulfureux de ce magot pestilentiel. Le chemin est un espace de rencontres, n’est-il pas ?

Après avoir fait tamponner nos crédencials par la douane espagnole,

"Toujours sympathiques les douanes..."

nous avons entrepris la descente vers Jaca, non sans avoir immortalisé les kilomètres encore à faire selon la borne officielle :

"No comment"

858, à cœurs vaillants rien d’impossible.

L’ambiance est restée lugubre pendant des kilomètres (Sans pluie ce qui nous permet de porter notre record à 27),

"No comment"

malgré certains passages plus plaisants

"Charmant..."

l’impression générale était triste à souhait. Ce n’est que peu avant la gare de Canfranc que l’environnement s’est détendu et nous avec.

"No comment"

Cela nous a sans doute empêché de nous préparer au choc qu’allait nous causer cet endroit. Imaginez une gare victorienne de plus de 100 mètres de longueur totalement abandonnée ! Avec des arbres qui poussent entre les rails, les fenêtres ouvertes et une sensation de jour d’après très oppressante.

"Station fantôme"

Nous avons été si émus que nous avons perdu le chemin et avons parcouru quelques kilomètres sur les rails qui, heureusement, avaient le bon cap. Si vous êtes dans la région, venez vous faire peur…

"Train fantôme..."

En retrouvant la route, je me suis cru projeté dans un autre espace-temps, mon livre « Genia », voyez pourquoi :

"No comment"

J’ai lavé mes idées noires ( !) au voisinage de la rivière Aragon qui, fidèle accompagnatrice, est pratiquement restée en permanence à nos côtés jusqu’à Jaca.

"Source de vie..."

En passant vers le « Torre de Fusilleros », nous nous sommes félicités de venir ici en paix !

"A bas les armes..."

Le chemin s’est tour à tour fait légendaire

"No comment"

puis trop moderne

"No comment"

pour nous faire quitter ces montagnes lourdes et tristes. A l’approche de Jaca, le ciel et la terre se sont mis à l’unisson pour retrouver des couleurs motivantes. Jusqu’à l’entrée de Jaca proprement dite où le chemin s’est mué en autoroute à… brebis !

"Maiiiiiiis si !"

Nous sommes en Espagne, le chemin change de langue parlée mais son cœur garde le même vibrato, peut-être juste un peu plus grave…

"No comment"
by Manuel at 18:52:59
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Problème de connexion
Nous sommes désolés de ce problème et pourrons reprendre la mise en ligne dès demain. Merci de votre compréhension.
by Manuel at 08:01:18
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21.06.04

A ma femme – 21 juin – Bedous
Ma Chérie,

Ca y est, nous allons arriver en Espagne, aujourd’hui. Ce qui semblait une utopie, il y a seulement encore quelques jours, pour ne pas parler des mois d’avant, est en passe de se concrétiser. Je repense, mi-amusé mi-impressionné, à l’été dernier lorsque la décision de partir au printemps prochain a été prise.

Je repense à Michael venant vers moi 3 jours plus tard pour me dire qu’il souhaiterait m’accompagner, à mon incrédulité, à cette crainte que j’avais que ce ne soit qu’une de ces plaisanteries que je fais régulièrement à nos garçons – et à toi, je l’avoue – qu’il m’aurait retourné.

A cette joie profonde ressentie en commun lorsque nous avons compris qu’il était sérieux, à notre intense préparation, à cette monomanie qui s’est alors emparée de Michael et moi et que tu as acceptée avec ton sourire habituel et apaisant.

Après cette brève évocation du passé, je voulais te dire que toi et moi cheminons ensemble, si je peux être là, c’est parce que toi tu es là-bas. C’est parce que tu as soutenu ce projet qu’il existe, c’est parce que tu as lui as donné corps que mon chemin se déroule sous mes pas.

Il fallait une femme pour que mon destin d’homme s’accomplisse, c’est une histoire millénaire et c’est la mienne, aujourd’hui.

Je sais qu’il ne doit pas être facile pour toi de nous savoir sur les routes, de sourire et d’assurer un environnement habituel aux 3 autres garçons quand ton cœur est en souci permanent à notre sujet.

De plus, ta décision de poursuivre la production du dessin animé en solo pour ne pas accroître encore le retard pris par nos amis indiens est un facteur de stress supplémentaire. Sans parler de toutes les autres obligations.

Je sais cela et je l’apprécie à sa juste valeur. Pourquoi l’écrire ici alors ? Parce que j’avais envie de paraphraser un célèbre Président américain quand il s’est présenté un jour et qu’il a dit : « Je suis le gars qui accompagne Jackie ». Moi, je suis le mari de Alice ! (Qui est aussi ma Marylin…).

Dans ma première partie de vie, j’ai pensé que l’accomplissement personnel passait par le fait de faire mieux que les autres et que cela se sache. Après, j’ai ressenti que le bonheur se cachait peut-être dans les sentiments que l’on pouvait partager, « Aimez-vous les uns les autres ».

Je suis si heureux de nos sentiments, mon amour.

Merci d’être la merveilleuse femme que tu es, je marche pour toi, pour Michael, pour Manuel Jr, pour Maxence, pour Mallory et pour un certain espoir du Monde...
by Manuel at 06:56:32
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20.06.04

26 ème étape – 20 juin – Oloron Sainte Marie => Bedous
(26,06 kilomètres et 33’412 pas – Cumulés : 652,78 kilomètres et 792’468 pas)

Nous qui avions tant guetté les Pyrénées sans les voir avant Pau, et encore apercevoir serait plus juste, il n’aura fallu que 2 étapes pour qu’elles s’imposent, qu’elles nous entourent, qu’elles se referment ce soir sur nous à Bedous.

En hommage à Nicole qui nous fait l’amitié de suivre notre périple et que nous ne connaissons pas, j’oserai un compte-rendu légèrement décalé de cette journée et de notre aventure.

Nous avons quitté Oloron par Sainte Marie,

"20 juin 2004"

pensant que notre bonne étoile solaire avait pris quelque distance, puisqu’il semblait qu’il allait pleuvoir. Les augures radiophoniques, possiblement confirmés par trois gouttes tombant du ciel, ne nous ayant laissé que fort peu d’espoir de battre encore notre record. Record ? Un « genre de » en tout cas puisque nous n’avions eu aucune journée de pluie depuis notre départ.

Nous avons donc sorti nos ponchos, inscrit le chiffre 25 comme une performance remarquable et entamé notre étape. Celle-ci nous conduisant au cœur des Pyrénées, nous nous sommes arrêtés pour acheter 2 pains au chocolat en prévision de la conjonction fringale-désert !

"Michel Bouchet, un grand coeur !"

Au moment de partir, le boulanger Michel Bouchet, m’a tendu un magnifique pain en me chuchotant avec un grand sourire : « C’est pour vous ! ».

Ce genre de geste, d’une pure gentillesse, a dû faire fuir la pluie puisque nous avons pu remiser nos ponchos et établir un nouveau record, le chiffre 26 est la nouvelle marque. Merci encore Michel, vous avez illuminé notre coeur.

Nous avons alors musardé de village en village, croisant d’étranges êtres dans d’étranges lucarnes

"Bizarres ces 2 créatures, non ?"

Allant à la rencontre de ces montagnes chargées de symboles

"Magie, magie..."

Peuplées de créatures allaitantes

"No comment"

D’ambiances riches

"Un rêve..."

D’autres créatures à plumes (Je ne parle pas de moi)

"Saturnin..."

D’individus aux grandes oreilles (Je ne parle toujours pas de moi)

"Sympa, non ?"

D’émotions

"Paix, éternité, inconciliables ?"

De recueillement à Notre Dame de Sarrance

"No comment"

Son cloître

"Paisible..."

Le bal des vautours vers le Pont-Suzon (N'est-ce pas Georges ?)

"Impressionnant !"

Notre arrivée à Bedous

"La montagne prête à se refermer..."

Mon oreille, selon le pronostic du Docteur Groleau (Que j’aime ce nom), se couvre de vésicules qui éclatent les unes après les autres, comme autant de remugles du passé. Un liquide transparent coule alors le long de mon cou. Dans mon imagination, il coule jusqu’au sol et trempe mes chaussures de plomb pour les transmuter, réalisant le rêve de centaines de générations.

Je suis en total accord avec Nicole, il s’agit d’un effet pas d’une cause. Quelle est cette cause ? Suffisamment puissante pour m’avoir envoyé des mois à l’hôpital lorsque j’avais seulement 3 mois, pour un virus, resté inconnu, qui m’interdisait de garder tout aliment sous n’importe quelle forme. A tel point que j’étais nourri par une perfusion dans la tête, bloquée par 2 sacs de sable, puis lorsque la veine s’est perdue, on m’a sauvé d’une mort annoncée à mes parents en en trouvant une autre dans la cheville droite.

Nourri par un pied, cherchant un sens aujourd’hui sur 2, l’histoire est en marche. Comme lorsqu’à 10 ans lors de ma première fugue, j’ai fermé les yeux et d’un doigt libérateur ai pointé sur une carte afin de connaître l’endroit où il me fallait aller. Lucerne, célèbre pour son musée des transports, située au bord du lac suisse des 4 cantons !

Tant de symboles que leur interprétation prendrait des heures… Rougeole avant de partir, réminiscence de varicelle en route, j’espère que ce sont des signes de progression. Je la dois à ma mère, à ma femme et à mes enfants.

Maxence m’a téléphoné aujourd’hui pour me réciter un poème pour la fête des papas, il a rendu le sien merveilleusement heureux. J’espère que mes fils ne m’idéalisent pas trop car ils sont déjà tellement mieux que moi. Je leur souhaite une trajectoire plus évidente, plus heureuse et plus facile que la mienne.

Je crois aux cycles, je crois aux rythmes, la nature nous en donne une confirmation au minimum à chaque saison. Je crois que notre horloge de vie est calée sur une période d’environ 7 années, pourquoi ? Ce serait sans doute trop long à expliquer ici mais cela s’est « vérifié » régulièrement !

J’ai 42 ans, le « tour complet » sera accompli dans 7 années, j’ai envie d’en faire un second et de ne pas m’arrêter à la fin du premier comme ma mère. Les 6 premières marches étaient difficiles, la prochaine s’annonce passionnante…

Demain l’Espagne !


N.B : L’accès au Somport était annoncé comme périlleux parce que devant s’effectuer sur une nationale étroite et envahie de camions. Je ne voulais pas y croire et j’ai donc emmené Michael pour faire un test aujourd’hui. Les camions étant interdits jusqu’à 22h00, j’étais tranquille… Pure rhétorique puisque les cars circulaient et que nous nous sommes faits quelques frayeurs intéressantes. Nous sommes là juchés sur la butte pour éviter une fin de voyage prématurée…

"Plus près de toi..."

Nous suivrons donc le conseil du guide et prendrons demain matin le bus jusqu’au Somport.

by Manuel at 19:10:02
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19.06.04

25 ème étape – 19 juin – Pau => Oloron Sainte Marie (Via Gan)
(26,51 kilomètres et 33’990 pas – Cumulés : 626,72 kilomètres et 759’056 pas)

Nuit délirante, à peine plus de 3 heures de sommeil, perturbée par ce que je croyais être un problème de polochon avant que Michael ne me fasse remarquer ce matin que mon oreille « n’était pas belle à voir ! ». Le polochon n’y étant pour rien que faire ?

Je suis donc retourné à la pharmacie de la rue Serviez à Pau, déjà fréquentée hier en fin d’après-midi pour la même raison, pour leur montrer l’évolution du cas…

"Mes anges de Pau..."

J’ai été cette fois reçu par Simone, la dame à droite sur la photo, qui m’a désinfecté le pavillon de l’oreille en me disant : « C’est d’une maman dont vous avez besoin ». Ne sachant rien de ma vie, me rencontrant pour la première fois, j’ai été stupéfait qu’elle soit si sensible qu’elle ait pu approcher une des motivations majeures de mon pèlerinage en écoutant tout simplement son coeur.

Je suis reparti en les remerciant chaleureusement, m’interrogeant encore sur une telle sensibilité…

Nous avions décidé avec Michael de nous rendre à Gan (Banlieue de Pau) en bus afin de rejoindre Oloron par la départementale, je ne sais comment nous nous y sommes pris mais nous nous sommes retrouvés sur une nationale aux lignes droites désespérément longues, instruments efficaces de torture pour oreille démotivée et surchauffée.

Au détour d’une courbe, celles qui nous fuyaient depuis des jours nous ont joué un spectacle digne de Peter Jackson

"No comment"

Pour des amateurs du « Seigneur des Anneaux », la vue était saisissante et les Pyrénées enfin présentes.

"No comment"

Les kilomètres s’écoulaient lentement, très lentement. Seulement ponctués par des bornes-images curieuses :

"Quelle est son histoire ?"

"Tourbes..."

"No comment"

Enfin arrivés à Oloron Sainte Marie, je me suis rendu aux urgences de l’hôpital car mon oreille tentait une mutation inquiétante. Reçu avec beaucoup de sympathie par le Docteur Groleau (C’est moi qui l’ai eu), j’ai appris que je souffrais d’un zona ! Que ni lui, ni son collègue n’avaient jamais vu placé là !

Alice, mise au courant par mes soins, me félicita trouvant que le régression était impressionnante (Pour ceux – comme moi – pour qui ce type de phrase peut être hermétique, sachez que le zona est une réminiscence de la varicelle) après le genre de rougeole attrapée juste avant mon départ.

Ce chemin est puissant, il met en mouvement ce que l’on a de plus enfoui, de plus lointain, de plus nécessaire, j’en suis tous les jours étonné. Une photo de la dite oreille pour que vous constatiez par vous-même la « situation ».

"Oreille, ô désespoir..."

En conclusion, laissez-moi partager avec vous ces quelques images de notre ville étape : Oloron Sainte Marie est une ville qui mérite d’être visitée :

"No comment"

"No comment"

"Oloron, ville très fleurie..."

"Que d'eau..."

"Idem..."
by Manuel at 18:36:21
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18.06.04

24 ème étape – 18 juin – Lembeye => Pau (Via Morlaàs)
(27,90 kilomètres et 35’771 pas – Cumulés : 600,21 kilomètres et 725’066 pas)

Autant le dire de suite, je rédige cette chronique dans un état physique nettement dégradé. Je ne sais si je souffre d’une insolation ou d’une otite mais j’ai de la fièvre et une grosse douleur du côté gauche de la tête…

Cette journée fût difficile, très difficile. Beaucoup de chaleur, un départ tardif (Pourtant à 8h00 !) mais les 30° et plus se sont installés très vite et la route n’a cessé de monter et de descendre.

2 joies tout de même, nous avons passé les 600 kilomètres et les Pyrénées se sont enfin montrées, nous avons un rendez-vous lundi, il s’agit de ne pas le manquer !

Contrairement à mon idée précédente, nous sommes passés par Morlaàs car Sainte Foy semblait impossible à manquer. C’est à la sortie que les Pyrénées sont apparues. Une dizaine de kilomètres plus tard, c’était l’arrivée à Pau.

J’espérais le cachet de Saint Jacques dans nos crédencials mais il n’y en avait pas, on nous a envoyé à Saint Martin, bis repetita. C’est l’office du tourisme qui a, finalement, immortalisé notre passage.

Je vais arrêter ici car je dégouline littéralement et j’ai la tête qui tourne. Impossible dans ces conditions d’écrire quelque chose d’intéressant, avec mes excuses… Cela ira mieux demain !

Album photo de la journée :

Place centrale de Lembeye, notre point de départ

"Charmant village, nous reviendrons..."

Le village de Monassut

"Perspective..."

Le réseau SFR est enfin disponible, je me dépêche d’envoyer la chronique d’hier. La technologie, c’est magnifique lorsque cela fonctionne.

"Le réseau est là, la chronique s'en va..."

Un chemin qui commence à être brûlé par le soleil

"Chaud, très chaud..."

L’architecture évolue

"No comment"

Sainte Foy de Morlaàs

"Un portail exceptionnel mais récent..."

On devine les Pyrénées

"Elles sont là..."

Anonyme mais splendide

"Magnifique..."

Un parking universel

"Etonnant, non ?"

Contrairement à ce que disent les médecins, déménager cela conserve !

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />rôle de santé..."

Saint Jacques de Pau

"No comment"

Saint Martin de Pau

"No comment"

Bonne nuit, j’espère que demain la baisse des températures annoncée sera imitée par votre serviteur…

by Manuel at 20:25:01
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23 ème étape – 17 juin – Aurebiat => Lembeye
(19,4 kilomètres et 24’879 pas – Cumulés : 572,31 kilomètres et 689’295 pas)

24 heures particulièrement riches d’anecdotes pour de futures longues soirées d’hiver au coin d’une certaine cheminée…

Notre soirée d’hier fut « intéressante » avec une hôtesse et un lieu d’accueil parfaitement atypiques ! Je m’autorise cette relation dans la mesure où aucun nom ne sera donné…

Nous sommes arrivés dans une maison en cours de gros travaux, avec la majorité des pièces explosées et les ouvriers à l’œuvre. Confiants, nous imaginions que le gîte se situait quelque part dans le terrain, voire dans les alentours, que nenni !

Une pièce avait été épargnée par l’entreprenante propriétaire, située à l’épicentre du séisme en cours, c’était là que nous allions dormir. La couche de poussière qui recouvrait uniformément le mobilier et toutes les surfaces permettait de retrouver facilement la sortie, il suffisait de suivre les traces de pas…

Un des 3 chiens venu visiter notre terrier, le trouva fort peu à son goût puisqu’il vomit sur une carpette ! Rabroué par sa maîtresse, il quitta l’endroit, son « cadeau » restant en place. Notre étonnement allait grandissant mais après un certain nombre de jours de périple, notre capacité d’adaptation avait progressé de concert.

Je tentais la rédaction de ma chronique quotidienne, évitant avec plus ou moins de succès les marques d’attention des 3 canidés, dont le gastro-encombré. La propriétaire m’abreuvant de son côté d’un flot de paroles difficile à décrire ici, à tel point que si Cousteau était encore de ce monde, il lui aurait acheté sa méthode pour révolutionner la plongée sous-marine. Respirez une fois, plongez 20 minutes !

Décidé à tenter de retrouver un minimum de calme, je suis allé prendre ma douche pour me trouver nez à nez avec une araignée XXL. Avec l’aide du pommeau et une détermination digne d’éloges, je suis parvenu à l’envoyer dans un autre monde, las, ce n’était pas fini car la demoiselle était si corpulente qu’elle ne passait pas par la bonde…

Mes proches peuvent imaginer ce que j’ai enduré en saisissant le monstre pour le jeter dans les toilettes proches. Le calme et la détente envisagés étaient pour le moins manqués.

Arriva le moment de passer à table, l’ambiance « Cour des Miracles » se renforça encore… Imaginez une cuisine, salle à manger, réserve à provisions, etc… installées sous un simple toit, en plein air. La poussière de tout à l’heure, sans éducation, s’étant également invitée en ces lieux.

Nous étions 6 à table, la propriétaire, son fils, un maçon allemand, un maçon français, Michael et moi. Erreur ! Nous étions 9 car les 3 chiens étaient là aussi et ils ont leur importance dans la suite de cette aventure. La préparation, strictement manuelle, de la nourriture aurait dû me combler (Manuel pour les distraits), encore une fois, non.

Mon souci venant du fait que les mêmes mains servaient à flatter la population quadrupède et à sustenter les bipèdes ! Sans passage par la case lavabo, bien entendu. Le pèlerinage étant école d’humilité, de compréhension et de rencontre, nous n’allions pas nous arrêter à si peu.

Nous avons commencé à manger, j’avoue du bout des lèvres, les mets posés sur la table ; ceci dans une ambiance sonore constituée des glouglous du sympathique maçon allemand qui devait attaquer sa 8 ème bière pendant que le français commentait le premier « mariage » homosexuel, que la propriétaire décidemment intarissable parlait de ses travaux, de ses visiteurs, de ses projets, d’une amie défunte dont elle avait récupéré toutes les affaires, que son fils jugeait la nourriture et que les chiens jappaient !

Michael et moi nous regardions souvent, ses yeux questionnant sur la rationalité de la scène, les miens tentant de répondre et de se convaincre : « C’est le chemin, mon fils ».

Ne sachant que manger, j’ai jeté mon dévolu sur le pain et le beurre, me disant qu’il était difficile de souiller l’un et l’autre. La tranche de pain, prise au hasard par moi, se révéla agrémentée d’un poil aussi dru qu’incongru et le beurre avoua un drôle de goût.

Bringuebalés par cet environnement si particulier, nous avons attendu que nos hôtes finissent de manger, mettant beaucoup d’énergie à avoir l’air sincère lorsque nous affirmions que nous n’avions pas faim, alors que nous avions dû nous contenter d’un mini sandwich à midi et que nous avions marché près de 30 kilomètres.

Nous avons basculé dans l’effroi rétrospectif quand la maîtresse de maison a caressé l’un de ses chiens puis a nettoyé, à l’aide d’un couteau, le beurre des assiettes. Elle a alors fait glisser la lame entre son pouce et son majeur, le beurre s’est aggloméré en une sorte de boule au sommet de ses doigts. Toujours à l’aide du couteau, elle l’a délicatement récupéré et… étalé sur la motte de beurre !

Après avoir payé notre « chambre » et notre « repas », soit 40 euros, nous avons poliment pris congé. Notre démarche jusqu’à la chambre a dû être quelque peu chaloupée… Vous comprendrez maintenant que nous soyons partis avant 6 heures, le petit-déjeuner étant annoncé à 7 heures.

« Le chemin, mon fils, le chemin… »

Etape paisible jusqu’à Lembeye où un refuge est à disposition des pèlerins (Contribution financière à la discrétion des visteurs), il est propre, aéré, confortable. Les habitants sont charmants, à l’image de Patricia qui nous a régalé à midi d’un plat de pâtes et d’une pizza superbes ou de Henri qui est venu contrôler au refuge que nous soyons bien installés.

Merci Patricia,

"Merci !"

merci Henri,

"Merci !"

vous représentez tout ce dont nous souhaiterions bénéficier tous les jours !

Album photo de la journée :

6h30, à quelques kilomètres de notre petit-déjeuner :

"17 juin 2004, dans la brume du petit ¨matin..."

Maubourguet

"Heureux... vive le petit-déjeuner !"

Prévoyante la Confédération Paysanne, les inscriptions sont prêtes pour la prochaine action, n’est-ce pas Thierry ?

"No comment"

Nous avons encore changé de département !

"Atlantiques..."

Quelles couleurs !

"No comment"

L’accueil à Lembeye, planant !

"Je roucoule pour vous..."

Et notre repas si réconfortant…

"No comment"
by Manuel at 10:40:30
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16.06.04

22 ème étape – 16 juin – Montesquiou => Aurebiat
(27,33 kilomètres et 35’050 pas – Cumulés : 552,91 kilomètres et 664’416 pas)

Aux yeux verts de mon cœur :

"Je t'aime..."

A quelques sueurs de Pau
Je joue avec les mots
Car la lueur de ta peau
Seule guérira mes maux…

Ces images n’ont cessé de trotter dans ma tête aujourd’hui, remugles d’une nuit aux tendances pâles ou fatigue du passage dans les Hautes Pyrénées, je ne peux pas le dire mais le résultat est que nous ferons étape à Pau.

Le chemin millénaire ne connaît pas cette ville « récente », moi non plus. Pour enrichir mes rimes et rêver encore avant que de nous engager dans la Vallée d’Aspe, nous délaisserons Morlaas et Lescar, les étapes traditionnelles, pour un bain de Pau…

Aujourd’hui, marche sous un ciel globalement nuageux qui s’est paré de températures au diapason de notre moral, frais à très chaud, sans logique et sans préavis.

Nous avons quitté Montesquiou – que j’aime ce nom – non sans jeter un dernier coup d’œil à son église Saint Martin,

"16 juin 2004, le matin..."

pour une promenade sur les crêtes qui nous a conduit à Pouylebon, puis Saint Christaud et son église du XI ème siècle

"XIème siècle !"

(Où les messes n’ont pas l’air d’être dites si souvent…)

"Aujourd'hui peut-être ou alors demain..."

Après un sprint prolongé, motivé par notre ambition de manger à Marciac – et sa plus haute flèche du Gers -

"No comment"

nous avons déroulé jusqu’à Auriebat, étape du jour.

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />ominant la vallée..."

La fatigue gagne petit à petit son duel avec nous car nous sommes décidés à passer en Espagne au plus vite, ce qui signifie que nous augmentons les allocations kilométriques journalières. Michael espérant que le 21 juin prochain soit pour nous, non la fête de la Musique mais le franchissement du Somport et nos premiers pas en Espagne !

Ambitieux mais éreintant, autant que motivant…

J’arrête ici car les jours se suivant sans se ressembler, demain sera assurément une meilleure journée.
by Manuel at 19:28:22
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21 ème étape – 15 juin – Auch => Montesquiou
(28,57 kilomètres et 36’638 pas – Cumulés : 525,58 kilomètres et 629'366 pas)

Je pourrais, peut-être le devrais-je, écrire des pages et des pages sur cette journée. Elle a encore une fois divergé du temps et de l’espace qui m’étaient familiers. L’objectif premier était de fêter le passage des 500 kilomètres parcourus mais le chemin en a décidé autrement…

Par une conjonction qui doit sembler bizarre, vue de là-bas, de l’autre côté, de mon ancien et futur monde, les éléments se sont entendus aujourd’hui pour me faire ressentir des émotions fortes, vraiment très fortes.

Tout a commencé à la sortie de Barran (Je conclurai cette chronique par des photos de la journée) où nous avons mangé. L’église a un clocher hélicoïdal qui semble se vriller dans le ciel, presque en mouvement. Au même instant, une chanson de Nina Hagen a retenti dans mes oreilles, irruption inattendue et curieuse sur l’antenne paisible que j’écoutais.

Devant moi, une longue ligne droite qui n’avait qu’un but, celui de me faire regarder à l’intérieur… et j’ai regardé.

Une foule de personnes, de lieux, d’instants se sont succédés au rythme de cette musique syncopée que je n’ai rapidement plus entendu. Ma mère était présente, mais a disparu avant que je ne puisse avoir le moindre échange avec elle. Un instant plus tard, ma femme était là et j’ai compris à son sourire confiant que je m’éloignais d’elle pour la retrouver, encore plus proche dans cette communion des âmes que nous avons conclu, il y a si longtemps…

Mon enfance est passée par flashs, mes fils m’ont souri, mon père m’a lancé un regard interrogateur, un certain bout de Provence dans lequel j’ai planté, depuis quelques années, mes racines nues s’est aussi montré.

J’étais très ému, je pleurais beaucoup, la sensation était si forte que je me suis demandé si je n’allais pas m’écrouler là, sur cette terre de Gascogne. J’ai tenté de téléphoner à Alice mais il n’y avait pas de réseau, j’ai regardé derrière moi pour être rassuré par la présence de Michael mais ce n’était qu’un petit point à l’horizon.

A cet instant, une statue s’est découverte sur le bord de la route, sur son socle un texte – que je ne rapporterai pas dans le détail – appelait la conscience des hommes à s’interroger sur leur devenir et leur finitude, il était daté de 1809…

Le chemin m’a donné une sacrée leçon aujourd’hui, à rapprocher de l’histoire entendue avant de partir d’Auch ce matin, celle de cet homme d’affaires coriace qui a « fait » Compostelle, il y a 2 ans, et qui en est revenu si changé, qu’il a même changé de métier !

J’espère que je vais être à la hauteur de cette expérience formidable, je la dois à ma femme et mes enfants qui acceptent de m’accompagner dans mes pas si imparfaits et si maladroits de mari, de père et d’homme qui marche, enfin…

Album photo de la journée :

Michael, heureux dans un environnement magnifique :

"Heureux..."

Michael, heureux d’élever son père en plein air…

"No comment"

Le Gers :

"No comment"

Image ordinaire d’un quotidien extraordinaire :

"A couper le souffle, Cocteau n'était pas loin..."

Barran, l’église…

"En mouvement vers..."

Une longue route qui mène à soi…

"Tout là-bas, il y a soi..."

Peu avant notre arrivée, l’Isle de Noé :

"Comme une dernière émotion..."
by Manuel at 07:28:39
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14.06.04

20 ème étape – 14 juin – L’Isle-Jourdain => Auch (Via Gimont)
(37,31 kilomètres et 47’410 pas – Cumulés : 497,01 kilomètres et 592’728 pas)

Une journée mémorable… car d’une étape normale, elle s’est finalement trouvée doublée par les circonstances !

Nous sommes partis de bonne heure de l’Isle-Jourdain,

"Beau départ..."

décidés que nous étions à arriver en début d’après-midi à Aubiet, lieu étape savamment décidé ( !) après étude conjointe avec Michael…

Le trajet jusqu’à Gimont, essentiellement sur petites routes fut charmant avec des paysages superbes

"Michael dans le Gers"

et un moral personnel retrouvé. Je me suis rappelé le commentaire de Alice sur le fait que si nous nous quittions à Toulouse c’était pour nous retrouver à Santiago, sans autre futur projet de séparation que la distance entre la salle de bains et la cuisine.

Au détour d’une route, 2 panneaux nous ont rappelé que le premier "mariage" homosexuel avait été « célébré » non loin d’ici…

"No comment"

Repas à Gimont où l’église est spectaculaire puisque sans pilier intérieur, bien qu’inaugurée au début du XVI ème siècle.

"A visiter..."

Nous avons également acheté nos premières cerises à un sympathique marchand qui est même allé nous les laver pour que nous puissions les déguster en route.

Détour par la Chapelle de Cahuzac, littéralement ornée intérieurement de plaques de remerciements, placées par des fidèles reconnaissants.

"No comment"

Poursuite en direction de Aubiet, l’environnement est toujours aussi beau.

"No comment..."

Arrivée vers 14h30 à Aubiet, détour par la Mairie pour y faire signer notre crédencial, accueil très sympathique à souligner.

"Merci pour le sourire..."

Nous étions prêts, tout à fait prêts, à nous allonger pour une bonne sieste mais… cruelle surprise, l’hôtel où nous devions dormir était fermé jusqu’à 17h30 !

Que faire ?

Rester assis sur une chaise pendant près de 3 heures (Aubiet n’étant pas d’une taille permettant une longue visite) ? Nous avons décidé que non, avons pris notre courage à 2 mains et sommes repartis… en direction d’Auch ! Il faut dire qu’une personne aimable nous avait assuré qu’il n’y avait « que » 14 kilomètres.

Deuxième surprise, 3 kilomètres plus loin en voyant un panneau indiquant « Auch = 17 kilomètres ». Le courage ne suffirait peut-être pas !?

La providence veillait, un grand moment plus tard, une voiture blanche s’arrêta et soulagea les pèlerins des 7 à 8 derniers kilomètres,

"Notre sauveteur du jour..."

merci Thierry, vaillant représentant de la Confédération Paysanne. Sans lui…

La Cathédrale d’Auch est une splendeur,

"Et vous n'avez pas vu le choeur !"

spécialement le chœur, qui n’ayant pas subi les directives du Concile de Trente, est resté fermé. Les 40 à 50 années nécessaires aux sculptures (Pierre et bois) rivalisant entre elles pour offrir un ensemble exceptionnel. Je n’ai pas fait de photos, il y a des créations humaines qu’il faut vivre soi-même.

Nous passerons demain les 500 kilomètres, je suis fier de Michael, j’embrasse tendrement Alice, Manuel Jr, Maxence et Mallory et je vais aller me coucher…

by Manuel at 20:18:00
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13.06.04

19 ème étape – 13 juin – Toulouse => L’Isle-Jourdain (Via Pibrac)
(19,02 kilomètres et 22'381 pas – Cumulés : 459,7 kilomètres et 545'318 pas)

Merci Manu, super fiston, et Alice d’être venus nous voir !

Nous n’avons passé qu’un peu plus d’une vingtaine d’heures ensemble, Alice et moi, et pourtant je peux vous assurer qu’elles ont toutes eu un goût merveilleux et exceptionnel qui a modifié la perception habituelle de leur durée.

Le temps n’a cessé d’accélérer et de s’arrêter, depuis hier après-midi jusqu’à ce midi, où il a basculé lorsque nous nous sommes quittés devant l’église de Pibrac. Pourquoi Pibrac ? Parce que nous nous sommes perdus à la sortie de Toulouse, suivant la proposition de Alice de nous emmener en voiture au départ de l’étape.

Acte manqué ou réelle difficulté d’orientation, je ne sais pas ce qui nous est arrivé.

"Rendez-vous à Compostelle, mon Amour..."

Ce que je sais, c’est que j’ai pleuré lorsque j’ai vu la voiture s’éloigner, je n’allais plus revoir ma tendre Alice avant 6 semaines. Nous qui ne nous sommes jamais quittés plus de 2 semaines depuis que nous nous connaissons ! (Record égalé depuis notre départ de Saint Gilles).

L’étape s’est déroulée par la suite dans une atmosphère cotonneuse, mon cœur roulait dans la direction exactement inverse à laquelle mes pieds m’emportaient…

Sans que je m’en rende compte, nous avons quitté la Haute Garonne pour le Gers. Fidèle à sa réputation, la passion de la bonne chère est ici visible partout

"No comment"

et les paysages sont splendides.

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />imanche 13 juin 2004"

L’Isle-Jourdain m’a tiré de ma torpeur,

"Musée Campanaire de l'Isle-Jourdain"

Saint Martin a fini de me réveiller, quelle perspective !

"Plus haut..."

Notre étape s’est calmement terminée à la sortie de l’Isle-Jourdain, en admirant les rivières

"Ambiance bucolique..."

et le lac au bord duquel nous allons dormir.

"No comment"

Mon corps dormira là mais mon âme flotte du côté de chez ma femme…

by Manuel at 19:26:55
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12.06.04

Jour de repos et d’amour – 12 juin – Toulouse
Une vingtaine de kilomètres de promenade (Non cumulée)

Journée de repos et d’amour ai-je intitulé ce compte-rendu, Nous avions, j’avais, besoin de l’un et de l’autre. Toulouse fut la complice idéale pour cette respiration sur le chemin de Compostelle.

Petit-déjeuner dans la rue d’Austerlitz (Acceptons-en l’augure…)

"Le soleil se lève sur Austerlitz"

puis visite du déambulatoire et de la crypte de Saint Sernin qui présentent de tels trésors que je renonce à en faire un autre écho que celui de vous encourager à venir les admirer.

"No comment"

"Biblique..."

En direction des Jacobins, nous nous arrêtons au Petit Casino, magasin géré par Michel et son épouse que nous avons rencontré hier soir et dont la gentillesse et l’humanité seront pour beaucoup dans l’impression fantastique que nous conserverons de notre passage à Toulouse.

"Michael & Michel, un chic type !"

Arrivée aux Jacobins, nouveau choc en découvrant cette merveille des XIIIème et XIVème siècle. Imaginez une salle immense dont le plafond, en voûtes étoilées, est soutenu par 7 colonnes, la dernière d’entre elles étant surnommée le palmier car elle reçoit et donc supporte 22 nervures.

"No comment"

Le cloître parachevant le tableau.

"Paix sur la terre..."

Poursuite de la visite par la Cathédrale Saint Etienne, ensemble étonnant qui ne s’est achevé qu’après 5 siècles d’efforts car son initiateur eut la mauvaise idée de mourir bien avant qu’elle ne soit terminée.

"5 siècles d'efforts plus tard..."

Puis vers 14h30, Alice et Manu sont arrivés ! Quel bonheur, l’impression de traverser le temps et l’espace… Nous avons moins de 24 heures pour échanger assez pour les 6 semaines à venir, vous comprendrez que je m’interrompe ici, merci Toulouse !

by Manuel at 20:35:22
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11.06.04

18 ème étape – 11 juin – Francarville => Toulouse
(20,12 kilomètres et 23’676 pas – Cumulés : 440,68 kilomètres et 522’937 pas)

Bref retour en arrière, hier soir Michael s’est fait un nouvel ami lors de notre repas, on peut le découvrir à l’arrière-plan, ils sont coiffés de manière identique.

"Michael et Laos, le chien..."

Cette journée a débuté dans la brume, aussi bien au niveau météorologique qu’émotionnel, pour votre serviteur. Je ne saurais comment l’expliquer rationnellement mais le temps ne s’écoule pas de la même façon sur le chemin que dans ma vie « normale » et je ne parvenais pas à réaliser que j’étais à 24 heures de revoir Alice et Manuel Jr.

En marchant, je tentais de compter nos jours d’absence mais toute analogie avec le monde extérieur est restée vaine, un seul échéancier (Sorte de clepsydre à sueur) est pertinent, celui qui dit qu’il nous faut arriver à Santiago d’ici 44 jours…

Les kilomètres ont alors défilé, peuplés de rencontres, à cormes et à poil

"Amitiés inter-espèces..."

d’architecture du Sud-Ouest

"No comment"

de lignes droites toujours aussi interminables

"No comment"

de prototypes de transport en commun

"London sur Lauragais"

d’églises aux formes inhabituelles pour nous

"Eglise de Dremil-Lafage"

de paysages typiques

"Charmant isn't it ?"

d’autre forme de transport

"Chemin vers Mars..."

Jusqu’au Capitole de Toulouse

"Michael, 11 juin 2004"

et au choc de Saint-Sernin dont je ne vous offre qu’une vue ce soir (Volontairement à contre-jour comme elle nous est apparue), car nous la visiterons plus complètement demain matin (Notamment la crypte).

"Saint Sernin !"

En marchant dans les rues de Toulouse, au milieu de tous ces gens, notre horloge interne s’est temporairement recalée sur la « civilisation ». Il y avait une éternité que notre monde était ailleurs, une fenêtre s’ouvre demain pour y revoir ma douce Alice et Manu, elle se refermera dimanche lorsque nous nous remettrons en marche.

Mais c’est une autre histoire…

by Manuel at 21:18:49
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10.06.04

17 ème étape – 10 juin – Puylaurens => Francarville
(27,54 kilomètres et 32’400 pas)

Si ce n’est sur le papier, du moins dans les têtes, une longue et chaude étape !

L’histoire de notre chemin s’est inscrite en lettres de sueur lors de ces dernières foulées tarnaises suivies des premières en Haute Garonne.

Après une étude approfondie de la carte, la matinée s’est passée à musarder au départ de Puylaurens, dont voici l’église et une signature digne d’Hollywood,

"L'église de Puylaurens"

"Puylaurens...land !"

Puis sur des départementales qui ne se peuplaient qu’à certains croisements, justement là où nous avions besoin d’indications (L’organisation est bien faite !).

"Paysage du Tarn"

Puis snack à Cuq-Toulza chez Mary Lou dont le mari, très sympathique au demeurant, nous a expliqué qu’il ferait bien Compostelle pour perdre 30 kilos, les voies du Seigneur sont décidemment impénétrables…

Avant de repartir, nous avons rempli pour la 2ème fois nos poches à eau, ce qui ajouté au petit-déjeuner voulait dire que nous avions déjà bu chacun 3 litres. Les longues lignes droites de la nationale 126

"Long, long est le chemin..."

ont eu raison de cette nouvelle recharge. Si bien, qu’avant notre arrivée nous étions à sec, ayant bu 5 litres dans la journée. Cela promet pour l’Espagne.

"La solitude du Michael dans le Tarn..."

Cette journée était aride, non en termes de paysage, mais au niveau intérieur. J’ai ressenti comme un durcissement du chemin, comme s’il me signifiait que les amuse-gueules étaient terminés et qu’il fallait passer aux choses sérieuses.

A propos de sérieux, vous trouverez dorénavant à côté des chiffres de l’étape du jour, le total depuis le départ, ceci pour 2 raisons. La première, on me l’a demandé, la seconde, cela nous fait du bien de voir ce que l’on aura plus a faire…

Nous en sommes ce soir à 420,56 kilomètres et 499'261 pas.

Nous dormons dans un environnement très agréable

"Etape du 10 juin 2004"

et je rêve déjà de revoir ma belle Alice samedi, merci pour ce cadeau, mon amour.

by Manuel at 19:05:14
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09.06.04

16 ème étape – 9 juin – Castres => Puylaurens
(21,65 kilomètres et 25’477 pas)

Notre étape du jour pourra surprendre les connaisseurs du GR 653 mais sans doute pas ceux du pèlerinage de Compostelle, je m’explique.

Lorsque l’on prend une carte, on peut remarquer que le chemin actuel fait une sorte de boucle vers le bas entre Castres et Toulouse, curieux alors que le tracé originel tendait à accomplir le moins de kilomètres possibles et donc à rejoindre en ligne plus ou moins droite les 2 villes.

Je pense qu’une des explications peut être le fait que l’immense majorité des pèlerins croisés jusqu’à aujourd’hui (Je suis sûr que vous avez goûté le : « pèlerins croisés ») parcourt le chemin en plusieurs tronçons généralement répartis sur plusieurs années. Privilégiant donc fort logiquement l’environnement des étapes à la « pertinence » d’un itinéraire global.

Ayant l’ambition démesurée de rallier Apt à Compostelle en une session, nous avons décidé de coller à la réalité des anciens marcheurs au long cours et de faire passer au second plan les autres considérations. Avec à la clé, quelques belles lignes droites écrasées de soleil.

"Plus de 30° déjà et de la circulation..."

Ce qui ne signifie pas que Puylaurens soit un endroit désagréable, jugez-en par vous-même, l’endroit où nous dormons :

"Charmant, merci Alice !"

et la vue que nous avons de notre chambre !

"Chambre avec vue..."

Par contre, nous ne savons toujours pas où nous dormirons demain soir, les hébergements traditionnels pour pèlerins se situant le long de la fameuse boucle que nous n’emprunterons pas !

Sans rechercher les frissons à tout prix ou avoir quelque chose à me prouver, je ne suis même pas inquiet… il y a comme un parfum de vérité qui flotte autour de nous qui me rend confiant.

Je pourrais peut-être mesurer demain la différence qu’il y a entre être confiant et présomptueux, qui sait ?!
by Manuel at 16:28:58
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08.06.04

15 ème étape – 8 juin – Bouisset => Castres
(27,96 kilomètres et 32'898 pas)

Après une nuit peuplée de retrouvailles avec Alice (Elle m’a fait, hier soir, l’immense surprise de m’annoncer sa visite en compagnie de Manu à Toulouse, ce samedi !), nous avons eu le plaisir d’un gros petit-déjeuner généreusement préparé par M. Jardrit. Qui a même poussé la gentillesse jusqu’à nous ramener sur le chemin à 7h00, sa maison étant légèrement décentrée.

Cette halte fut également l’occasion d’approfondir nos échanges avec Lucien et Yves dont je vous ai déjà parlé.

"Yves, Michael & Lucien"

Leur amitié est exemplaire autant que leurs itinéraires respectifs. Yves est un ancien militaire qui a déjà partagé des aventures en pédalo et en tandem avec Lucien, sans parler de ses propres expéditions à vélo dans le nord de l’Europe.

Lucien, lui, fait preuve d’une détermination à toute épreuve. Le jour où il a annoncé à Yves son intérêt pour Compostelle, ce dernier a accepté de le faire en 3 semaines en tandem mais, raté, Lucien voulait le faire à pied !

Je suis inquiet pour Yves car Lucien a décidé qu’ils iraient jusqu’à Toulouse pour cette section et je suis sûr qu’il parviendra à le convaincre, soit plus d’une centaine de kilomètres avant le repos…

Ils me manquent déjà, j’espère que je les reverrai… à mon retour.

Le chemin jusqu’à Castres s’est très bien passé, Michael et moi étions en forme et les kilomètres ont passé rapidement. Boissezon :

"Parterre à Boissezon..."

Noailhac, Saint Hippolyte de Lagriffoul, autant de noms qui m’étaient parfaitement inconnus et qui ont peuplé notre journée.

L’arrivée à Castres nous a conduit à l’église Saint Jacques puis sur les rives de l’Agout pour « la » traditionnelle visite de la ville.

"Saint Jacques de Villegoudou"

Une sieste de 2 heures a fini de réparer les dégâts de la chaleur naissante avant un sympathique repas à « l’Entracte », situé justement sur l’Agout, pendant lequel nous avons admiré une minuscule araignée en cours de tissage d’une toile cent fois plus grande qu’elle.

C’est aussi cela notre chemin, changer de rythme et de perspective et voir ce qui avait disparu de l’univers déshumanisé et dénaturé dans lequel nous sommes supposés vivre en tant qu’habitant du village global...

"Castres, 8 juin 2004"

Le soleil s’est couché sur Castres, je pense à mes fils et à ma femme, comme je les aime. Le changement de dimension n’a fait que dilater encore ce sentiment, c’est bon d’être rempli des siens.


by Manuel at 22:28:20
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14 ème étape – 7 juin - La Salvetat sur Agout => Bouisset (Via Anglès)
(27,43 kilomètres et 32’278 pas)

Ma première nuit calme depuis notre départ, serait-ce le verre de Muscat bu en apéritif hier soir ?! Lever vers 6h00 pour une ballade dans le vieux Salvetat, particulièrement la partie historique agrémentée d’un circuit de visite de monuments presque tous disparus…

D’une église construite en l’an 1'100 à une demeure seigneuriale, en passant par nombre d’autres édifices anciens, tous ont été rasés dans les années 50 et 60 pour cause de vétusté !

La mémoire, l’héritage de nos prédécesseurs, le labeur de multiples générations ont été sacrifiés sur l’autel du modernisme, de la revanche ou de l’ignorance, dramatique et irréversible.

Qui pourrait dire qu’il sait qui il est, sans ce sillon dans le fil du temps, dans lequel il a germé ?

Il ne reste qu’une croix de cette église, qui serait bientôt millénaire, sans la prétention aveugle d’hommes oublieux de leur propre finitude. Ces tristes pensées m’accompagnaient lorsque j’observais cette croix, ce matin.

Et puis, sans prévenir, le soleil est apparu pour lui redonner toute sa majesté et me troubler durablement.

"No comment"

Quittant ce lieu particulier et poursuivant ma déambulation, une odeur de bon pain m’attira chez Régis, boulanger de la Salvetat sur Agout. J’ai toujours aimé ces hommes qui, comme moi, sont actifs la nuit. Pétrisseurs inlassables de farine, ombre diaphane et goûteuse de l’astre de la nuit…

"Régis, boulanger"

Après un de ces solides petits-déjeuners dont nous devenons coutumiers, nous avons pris la direction de Anglès. Non sans avoir profité au passage des largesses de la Salvetat, Salvetat vous connaissez ?

"Bonne et fraîche..."

Un moment vraiment agréable que cette eau glacée et qui augurait bien de cette journée avec mon fils, entre l’Hérault où nous étions retournés et le Tarn qui se languissait de nous revoir.

"Frontière..."

Rien de particulier à signaler jusqu’à Anglès, si ce n’est une pièce de musée automobile
et ce témoignage d’une des industries majeures de la région.

"Vroum vroum..."

"Energie renouvelable..."

Par un curieux effet de renversement, nous sommes allés acheter notre baguette à la boucherie d’Anglès qui fait office de dépôt de pain. Pourquoi un effet de renversement ? A cause de Régis, le boulanger de la Salvetat, il s’appelle Régis Boucher ! Cela ne s’invente pas…

"Le boucher du pain..."

Après une collation rapide, nous avons repris notre marche jusqu’à Bouisset où nous avions décidé de passer la nuit afin de mieux équilibrer l’étape du jour et celle de demain jusqu’à Castres.

Nous dormons au « Reclos » où la maman du propriétaire, sa femme et lui-même nous ont accueilli avec beaucoup, beaucoup de gentillesse. L'hébergement le plus sympathique depuis le début de notre périple.

N.B: A nouveau pas de réseau SFR ce soir ! Je devrais envoyer cette chronique de Castres, désolé...

P.S : Dans ce qui va devenir le concours idiot de l’accueil le plus détestable réservé à des pèlerins, signalons l’entrée en bonne place du bar tabac « Marie Jo et Daniel » d’Anglès, qui s’est montré vraiment « exceptionnel » envers Michael.

by Manuel at 15:09:23
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06.06.04

13 ème étape – 6 juin - Murat sur Vebre => La Salvetat sur Agout
(20,65 kilomètres et 24'304 pas)

Une journée paisible, partagée entre la marche (Qui a débuté à 8h10 pour s’achever à 13h30), et un après-midi de détente.

Tout d’abord, hommage à la Fête des Mamans ! Je pense à la mienne et à Alice, mon amour…

"Je t'aime..."

Résumé de notre périple plutôt agréable. Départ de Murat sur Vebre dans la fraîcheur matinale, car ce village est situé à 800 mètres d’altitude, pour une promenade en pleine campagne. L’habitat local réserve des surprises.

"Si, si..."

Campagne qui a ses stars ! Ici, on les annonce comme cela

"No comment"

Et on les découvre peu après en train de répéter une chorégraphie cochonne

"Les Stars..."

En redevenant sérieux, la transition avec les étapes précédentes est marquante. Les paysages sont superbes et l’eau – en grande quantité – fait enfin son retour.

"No comment"

"Magnifique..."

Sous un ciel uniformément bleu qui devrait encore durer, nous avons vécu une étape où les marquages traditionnels passaient au second rang, remplacés qu’ils étaient par des croix-épées enchâssées dans des rochers. Nous sommes dans un pays de monolithes.

"Un marquage...marquant !"

Il commence à faire chaud, souhaitons que notre physique termine son adaptation en douceur.

"Ce n'est qu'un début..."

Ci-après, notre ville étape de ce jour, un peu triste...

"Etape du 6 juin 2004"

Je termine en soulignant que notre nouvel ami le « Mage de Bron » nous a retrouvé sans que nous ne lui donnions l’adresse de notre hébergement. Il y a de drôles de phénomènes sur ce chemin (Humour).

"No comment"

A demain pour une étape à travers la forêt jusqu’à Anglès…

by Manuel at 18:57:19
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05.06.04

12 ème étape – 5 juin - Saint Gervais sur Mare => Murat sur Vebre
(22,09 kilomètres et 25'995 pas)

Malgré le col à 1'000 mètres, cette étape fut tranquille sur le plan physique, moins sur le plan relationnel puisque nous nous sommes disputés avec Michael !

La raison serait bien difficile à trouver, sans doute l’accumulation de la fatigue, des heures de marche, de la galère d’hier et de l’éloignement de ceux que nous aimons tant…

Le plus important est que la brouille n’ait pas duré !

Nous avons quitté le département de l’Hérault pour celui du Tarn avec comme principales conséquences, presque plus de citoyens anglais et des paysages qui ont brusquement changé pendant la journée…

En reprenant les événements dans l’ordre… Des jumeaux nous ont tout d’abord souhaité une bonne marche à notre départ de Saint-Gervais sur Mare

"Whouaaah..."

Il est incontestable que le chemin a ici droit de cité, il se montre, il s’affiche, il innerve les lieux. Cette porte croisée ce matin était riche de symboles…

"Et derrière la porte ?"

La première partie de l’étape s’est déroulée dans un foisonnement végétal qui tenait de la poésie

"No comment"

Et les rimes étaient riches

"No comment"

Très riches

"L'environnement évolue..."

En passant le village d’Andrabe,

"Au détour d'un sentier..."

le sentier rectiligne se changea en lacets qui serpentèrent longuement à flanc de montagne, chauffant les pèlerins qui trouvèrent lors du repas de midi, un bienfaisant ruisseau pour y refroidir leurs pieds. La sensation était délicieuse…

"Le bonheur..."

Le paysage à l’approche du sommet se transforma de

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />e l'Hérault..."

En

"au Tarn..."

Puis, alors que nous comptions les pas qui nous restaient jusqu’à l’arrivée, une 4L blanche s’arrêta à côté de nous et le conducteur d’un ton, aussi péremptoire que sympathique, nous invita à monter : « Allez, le petit il est pas bien, je vous amène à Murat ! »

Voilà comment, nous avons évité les 3 derniers kilomètres de marche de cette transition entre le versant méditerranéen et l’atlantique. Nous nous sommes rendus à la sortie du village où se trouve l’église pour y faire tamponner notre crédencial mais elle était fermée.

"Malheureusement fermée..."

En revenant au centre du village, nous avons à nouveau croisé Lucien et son accompagnateur, vous vous souvenez le pèlerin aveugle et son ami voyant ? Et bien, ils ont avancé depuis notre première rencontre au même rythme que nous, malgré la difficulté du terrain et les étapes si longues, c’est une leçon de modestie, une vraie.

Et savez-vous ce que Lucien nous a dit quand nous nous sommes retrouvés ?
« C’est beau, hein !? », certaines personnes sont très belles, c’est sûr…

by Manuel at 20:22:59
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11 ème étape – 4 juin - Lunas => Saint Gervais sur Mare
(35,12 kilomètres et 42'000 pas)

Avant de vous expliquer comment une étape annoncée pour 24 kilomètres a pu connaître une telle inflation (Et le pétrole n’y est pour rien car nous carburons exclusivement à l’eau), je voudrais répondre à la demande de futurs marcheurs sur la Voie d’Arles et leur signaler notre mauvaise expérience d’hébergement à Lunas.

L’auberge prétendument gourmande s’est révélée un choix totalement erroné, mon dos pouvant si bien compter le nombre de ressorts de feu mon matelas que j’ai dû y placer une couverture, le dessus de lit et « dormir » dans mon sac de couchage.

Manger : pour information, mon épouse a précisé que j’étais végétarien lors de la réservation 2 jours plus tôt. La gourmandise et le sens de l’accueil se trouvent dès lors assez bien illustrés par cette arrivée en fanfare du serveur qui nous a annoncé : « Ce soir, nous vous avons préparé un super boudin aux haricots, tout le monde est content ? ».

Mon omelette aux haricots fut acquise sans lutter, je l’avoue, mais sans variante possible non plus. Ah, j’oubliais, la note de notre « nuit » avec Michael et de notre seul repas du soir… 75 euros ! Conseil, marchez 3 kilomètres de plus jusqu’au Bousquet d’Orb, la tonsure y sera plus légère, sacrés pèlerins, sacrée bonne affaire…

C’est au Bousquet d’Orb, après notre petit-déjeuner pantagruélique (Il fallait bien rattraper le manque de la veille au soir) que s’est joué le kilométrage de cette journée.

"Un mineur devant sa lampe..."

Le pharmacien du village interrogé par nous sur l’idée de privilégier la route aux sentiers des crêtes suivi par le GR, fut catégorique : « La route c’est à peu près 25 kilomètres, les crêtes 24 et en plus c’est tellement beau ! ».

Conseil de pharmacien, nous sommes partis confiants pour ce qui allait devenir une journée de galère… Départ de l’ascension à l’église Saint Martin, le présage semblait positif, il était trompeur.

"Un Martin devant..."

La montée initiale, d’une raideur toute juvénile, laissa la place à un cheminement sur les crêtes offrant d’une part une vue exceptionnelle et nourrissant d’autre part une interrogation en direct sur le lien avec le chemin de Compostelle.

"On monte toujours !"

Jamais aucun pèlerin du passé n’aurait cherché ainsi à se compliquer à l’envi, la vie ! Lorsque des centaines et des centaines de kilomètres sont à parcourir, un juste rapport effort-plaisir devrait être trouvé, ce n’était pas le cas.

"No comment"

Le vrai problème ne s’est pas situé là mais dans un balisage et des indications telles que même Champollion se serait retrouvé à Marseille ! Résultat : 11 kilomètres de plus, en descente ou en montée uniquement et une arrivée à 19h15 pour un départ à 7h00 !

Espérons que ce sera l’étape de galère de référence…

Les bons aspects, ceux qui resteront : des paysages magnifiques,

"Seuls au monde..."

une sieste d’anthologie (Pour rattraper les ressorts de la nuit précédente) au sommet très venté (Voir ci-après comment aérer son duvet tout en rendant hommage à l’aéronautique)

"Il vient d'où le vent ?"

et un accueil remarquable au gîte « Le Refuge du Nébuzon » de Saint Gervais sur Mare puisque Martine Candel est même venue nous chercher au village lorsque nous l’avons appelée pour trouver notre chemin.

"Fatigué..."

Notre chemin des étoiles se poursuit, il est beau, il est difficile, il est comme je l’attendais…

(Mais nos pieds et nous sommes très heureux que cette étape soit derrière nous ! Demain le « chemin » grimpe à 1'000 mètres, bis repetita ?)

N.B : Voici 2 jours que je ne suis pas parvenu à envoyer cette chronique du fait de l’absence de réseau GSM SFR (Le déploiement est visiblement lié au nombre de clients potentiels !),

by Manuel at 18:43:55
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10 ème étape – 3 juin - Lodève => Lunas
(9,78 kilomètres et 10'501 pas)

Qui veut voyager loin ménage sa monture !

Dit autrement, après l’étape très exigeante d’hier nous nous sommes contentés aujourd’hui de relier Lunas, toujours à pied bien sûr, mais par la route. Ce qui explique le très faible nombre de kilomètres.

Cette référence aux montures, qui était dans nos têtes dès hier soir, s’est étrangement trouvée confirmée par le déroulement du jour, je vais y revenir plus loin.

Notre journée a débuté par la visite de la Cathédrale de Saint Fulcran, dans laquelle 109 évêques se sont succédés, de sa construction dès 1280 à la Révolution où l’évêché s’est déplacé à Toulouse. Ce chiffre qui m’a laissé pantois donne la mesure du lieu et de sa place dans l’histoire…

"La maison de 109 évêques..."

Nous avons également eu le plaisir de faire la connaissance de l’Archiprêtre Gui Paloc.

"L'Archiprêtre de Saint Fulcran"

Sachez que dans la Cathédrale se trouve une plaque commémorative dédiée à l’Archiprêtre Joseph Barthes, décédé en chaire le jour de son installation ! Et bien, Gui Paloc nous a raconté avoir été nommé le même jour à la même fonction – à quelques longues années d’intervalle bien sûr – on comprend qu’il ait refusé de monter en chaire ce jour-là…

Avant de quitter Lodève, nous aimerions souligner la qualité d’accueil des propriétaires de l’hôtel du nord, Blandine Castanier et son mari. Après l’épreuve physique d’hier, leur gentillesse nous a bien aidé à refaire surface. Futurs pèlerins, retenez l’adresse.

"Une bonne adresse"

La route entre Lodève et Lunas se partagea entre 2 sections, une longue montée jusqu’au Col de la Baraque du Bral et une plus courte descente jusqu’à Lunas. Au col, nous avons à nouveau croisé 2 pèlerins aussi sympathiques qu’atypiques puisque le premier, voyant, guide le second qui ne l’est pas.

"Extraordinaire !"

Quelques minutes plus tard, nous avons été hélés par des cavaliers qui faisaient le chemin à l’envers et qui souhaitaient connaître le tracé de leur fin d’étape !

"2 cavaliers qui surgissent..."

Monture, toujours monture, une demi heure plus tard un motard anglais emporté par sa fougue est tombé juste devant nous à l’entrée d’un virage ! Après nous être assurés qu’il n’avait qu’une grosse blessure d’amour propre, amplifiée par l’arrivée de ses camarades 2 minutes plus tard, nous sommes repartis en méditant le proverbe « Qui va piano, va sano… ».

"No comment"

L’arrivée à Lunas fut un réel enchantement, n’étant pas fatigués – si peu de kilomètres sont une honte mais l’étape de demain comporte 8 cols… - nous avons goûté pleinement aux charmes de ce village de 650 âmes, littéralement vascularisé par différentes voies d’eau créant des perspectives définitivement romantiques. Quel dommage que ma belle Alice ne soit pas là pour déambuler main dans la main…

"Vous avez dit romantique ?"

Je m’autorise ici un commentaire sur la difficulté que représente chaque soir la sélection des quelques photos qui illustreront le blog, ce ne sont pas obligatoirement les meilleures car la compression nécessitée par Internet « détruirait » celles présentant trop de subtilités. De plus, avec une base d’environ 80 à 100 photos réalisées chaque jour, le choix de 4 à 6 est un vrai casse tête.

"On était si bien..."

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, la fin de l’après-midi est paisible sur un banc au bord de la rivière. Michael se détend à mes côtés pendant que je rédige ce texte, le chemin a ses humeurs, ce soir elles sont douces…

"Entre pèlerins"

P.S : La soirée s’est achevée avec un repas pris avec nos nouveaux et si sympathiques camarades de jeux. De gauche à droite : Michael, Jean-Louis A., Jean-Louis N (Le Mage de Bron), votre serviteur, Jacques (Le bien nommé). Pour leurs familles respectives, le message est simple : Ils vont très bien !

by Manuel at 18:28:40
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04.06.04

Problème de connexion
Manuel et Michael se trouvent actuellement dans une zone où il n'y a pas de réseau, c'est pourquoi ils ne peuvent mettre à jour le blog pour l'instant...

A suivre très bientôt !
by Manuel at 12:44:50
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03.06.04

9 ème étape – Saint Guilhelm => Lodève
(36,80 kilomètres et 43'300 pas. 9 ème étape, à votre demande je suis revenu à un décompte logique !)

Assurément, l’étape la plus dure depuis notre départ. De Saint Guilhelm le Désert à Lodève, avec des dénivelés très importants, des kilomètres qui succèdent aux kilomètres, encore et toujours et une sensation de soif permanente.

Nous sommes partis de Saint Guilhelm à 7h00, remplis d’enthousiasme et de crainte devant ce qui s’annonçait comme un gros morceau. Nous avons rapidement été au diapason de ce rendez-vous avec nous-mêmes, car si hier de Montpellier à Saint Guilhelm, l’environnement a participé à notre réflexion, il en a été tout autrement aujourd’hui.

Cette étape était la première dont le seul but semblait être de nous décourager : « Qui croyez-vous être, faibles humains prétentieux ? » avons-nous cru entendre colporter par ce vent, fidèle et bruyant compagnon, régulièrement trop violent.

Les kilomètres initiaux nous ont conduits de la rue dans laquelle nous avons dormi :

"La rue du bout du monde..."

Au cirque de l’Infernet, ascension qui ferait passer notre terrain de jeux du Mont Ventoux pour une promenade de retraités.

"Nous sommes partis de là en bas !"

Les perspectives étaient incroyables, les à-pics impressionnants et la sudation incessante. Une première halte au sommet pour tenter d’envoyer mon compte-rendu d’hier n’y a rien a fait, l’étape avait commencé son travail de sape.

Entre parenthèses, le qualificatif de « le Désert » accolé à notre étape de départ est bien trouvé puisque même le réseau GSM grâce auquel je me connecte habituellement n’y est pas actif, comment mieux s’isoler du monde et de ses furies ?

Michael souffrait énormément de ses pieds, boitant bas à chaque pas et renforçant mon inquiétude quant à sa capacité à tenir, je ne savais plus quoi dire ou faire en voyant les kilomètres passer si lentement et son mal augmenter beaucoup plus vite.

Une seconde pause à Arboras afin de tenter, et cette fois de parvenir, à transmettre ma prose et mes photos d’hier a redonné un peu d’air à Michael et à ses pieds, jusqu’à l’idée de lui faire un « strap » qui lui permettra de tenir toute la journée.

Des visions de rêve comme la traversée à gué du Merdanson, (L’endroit est aussi beau que son nom est curieux…) ou les panoramas avant d’arriver à Saint Jean de la Blaquière ont tenté de balancer les difficultés de cette marche difficile, déjà riche de plus de 25 kilomètres, toute en montée ou toute en descente.

Arrivés fatigués, desséchés et affamés dans ce village, nous avons eu droit en quelques minutes à ce que les hommes peuvent donner de pire et de meilleur. Le pire ? L’agence postale dans laquelle il a fallu attendre que la préposée termine ses téléphones privés pour nous voir refuser vertement notre demande de monnaie, le pire encore le restaurant et bar Saint Jean qui a refusé de vendre un morceau de pain à 2 pèlerins, sous prétexte que sa cuisine était fermée ?! mais qui a accepté de nous facturer 6 euros un peu d’eau.

Le meilleur, avec cet homme qui a entendu le refus du tenancier et qui a spontanément sorti de son cabas, le pain, le fromage et la tablette de chocolat qu’il venait d’acheter parce que nous en avions plus besoin que lui…

Lorsque qu’après l’avoir remercié, je lui ai proposé de lui laisser le nom du site afin qu’il puisse se voir, il m’a souri et m’a dit qu’il n’avait pas l’eau, ni l’électricité alors l’Internet ! mais que j’étais bien gentil…

&quot<img src='img/smilies/graysmilewinkgrin.gif' alt=';D' class='middle' />enis, homme compatissant"

Merci Denis, c’est grâce à des hommes comme vous que notre démarche trouve son sens, vous avez fait beaucoup plus encore que nous nourrir physiquement, merci.

Il nous restait encore plus d’une dizaine de kilomètres à accomplir, Michael s’est vaillamment remis en route, je suis très fier de mon fils. Le village de Usclas du Bosc et sa fontaine nous ont permis de remplir nos gourdes et de reprendre notre marche. Une montée terrifiante nous attendait à nouveau, la moitié de notre récent plein y est passée.

"Premier panneau"

Alors que nous nous demandions comment les 3 messieurs d’un certain âge, avec qui nous avions partagé l’hébergement des sœurs la veille, avaient pu passer toutes ces difficultés, une voiture s’est arrêtée à nos côtés.

Ils étaient à son bord et nous proposaient gentiment de nous transporter jusqu’à Lodève, j’ai sauté sur l’occasion pour Michael dont le « strap » de fortune avait cessé d’être efficace et qui avait largement assez souffert.

J’ai parcouru les 10 derniers kilomètres, seul en théorie, mais accompagné de tous ceux avec et pour lesquels je vis cette aventure.

"Quand l'âme est en accord avec la Nature..."

Ces kilomètres furent exigeants, j’ai très mal au pied doit ce soir, j’ignore s’il sera remis demain, l’étape a finalement représenté près de 37 kilomètres avec un impact physique immense mais je suis là, je suis à Lodève, nous sommes le 2 juin 2004 et je suis vivant.

"Enfin..."

J’ai envie de le crier à la face du monde, parce que c’est merveilleux, parce que cela ne durera pas toujours et parce que je suis heureux de l’être ici et maintenant…

by Manuel at 02:28:16
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02.06.04

J + 3 (27,54 kilomètres et 32'409 pas) - 1er juin
Encore une journée très difficile pour Michael qui l’a terminée avec 5 cloques ! Ses pieds ne sont qu’une douleur pour lui…

Pourtant, cela avait commencé doucement à 7h00 en quittant le centre ville de Montpellier grâce au tram ultramoderne dont cette ville est pourvue.

"Rapide et silencieux"

Une rencontre allait rapidement nous donner la mesure de notre rythme de déplacement, nous le savions mais que l’on nous le dise aussi clairement…

"Lent et silencieux..."

Au demeurant, cela convenait parfaitement à cette première vraie étape vers Compostelle ! Pourquoi ce qualificatif ? Parce qu’aujourd’hui tant de choses parlaient du chemin, la nature qui, dans sa diversité et ses contrastes, prenait enfin le pas sur l’envahissement humain généralisé.

"Pour nous seuls"

Les gens qui, de l’habitude qu’ils ont des pèlerins, ont développé un sens de l’accueil particulier.

"No comment"

Les moments de la journée, de Grabels, Bel-Air, la Boissière, Aniane, le pont du diable à la magnifique grotte de Clamouse et Saint Guilhelm le Désert.

"Le Pont du Diable..."

Une journée aussi riche qu’elle fut dure pour Michael, bravo mon fils, tu seras récompensé de ton courage, j’en suis sûr. Notre arrivée à Saint Guilhelm et le sourire des sœurs qui nous hébergent en furent une première démonstration. Ce soir, je suis en harmonie avec mon espérance du chemin pendant que le vent qui s’est levé, hurle dehors. Mon esprit revisite les heures passées, c’était difficile mais merveilleux, éthéré mais accessible.

Comprenne qui pourra…

Je reviens en conclusion à la grotte de Clamouse pour vous en proposer 2 images parmi les dizaines réalisées, si vous en avez l’opportunité, venez la visiter, cela en vaut vraiment la peine…

"Michael dans la grotte de Clamouse"

"No comment"
by Manuel at 11:15:12
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