16.07.04

52 ème étape – 16 juillet – Ponferrada => Villafranca del Bierzo
(25,42 kilomètres et 32’596 pas – Cumulés : 1'303,38 kilomètres et 1'627’540 pas - Restent 183 kilomètres jusqu’à Santiago)

Avant d’aborder l’inoubliable étape du jour, j’ai envie de partager cette ultime image de Ponferrada en guise d’au revoir :

"Emouvant !"

Après ce clin d’œil, à travers les siècles, des Templiers, passons à ce qui m’est arrivé aujourd’hui… Pour planter le décor, un bref résumé de notre parcours qui commence par ce couple de pèlerins croisés à la sortie de Ponferrada, qui marche bras dessus bras dessous, charmant non ?

"No comment"

Nous avons traversé Columbrianos où encore une fois le programme nous était donné : nous serions arrivés lorsque nous aurions rejoint les montagnes visibles à l’horizon

"Ne reste qu'à traverser l'image..."

Les villages ont défilé Fuentes Nuevas, qui me permet d’envoyer cette brassée de fleurs à ma bien-aimée

"Pour Alice !"

Puis Camponaraya où les constructions sont pour le moins créatives

"Et le permis ?"

Les routes se sont alors éloignées pour nous laisser cheminer en pleine nature

"On respire..."

Mais pas en pleine solitude car j’énonce ici le Théorème Martin du Chemin de Compostelle : « Le nombre de pèlerins est inversement proportionnel au nombre de kilomètres à parcourir »

"No comment"

A rapprocher de nos trente premières journées de solitude sur le chemin et des vingt suivantes plus que calmes… Nos pas nous ont conduit dans la sympathique bourgade de Cacabelos, cela ne s’invente pas, dans laquelle nous avons mangé nos désormais traditionnels napoletanes et bu un délicieux jus d’orange frais.

En profitant de ces instants de calme, je me délectais à l’avance des bêtises que le nom de l’endroit m’inspirerait pour ma chronique du jour. C’est donc avec l’esprit léger, voire mutin, que je suis sorti du café, sans me douter que…

J’ai rajusté mon sac, repris ma marche, contrôlé que le chemin était bien dans cette direction et rallumé ma radio. La radio classique espagnole que j’écoutais depuis Ponferrada m’a alors fait entendre les premières mesures de « l’aeternam » du Requiem de Mozart !

Comment expliquer ce qui s’est alors passé en moi ? Cette musique, que je connais par cœur, a résonné comme jamais auparavant, mettant mesure après mesure tous les éléments qui composaient ma vie à ce moment au diapason.

Je n’ai plus senti la chaleur, la fatigue, la dureté du chemin, ma respiration était calme, mon cœur me donnait l’impression de battre lentement, si lentement. J’étais comme porté, aspiré, je ne marchais plus sur un sentier, je flottais…

Les 7 kilomètres me séparant de Villafranca ont été avalés en moins d’une heure, sans douleur, sans aucune difficulté, dans un sentiment de plénitude ressenti, pour la première fois de ma vie, à ce niveau d’intensité.

Je ne sais si cette expérience merveilleuse est liée au commentaire si prétentieux que j’ai osé faire hier soir au téléphone à Alice ? Je me suis interrogé sur le sens de ces derniers jours après les émotions si fortes ressenties en Aragón, comme si l’intégralité de mon chemin s’était jouée là-bas.

De même qu’il y a l’astre du jour et l’astre de la nuit, l’expérience de l’Aragón était le masque triste de Janus, celle d’aujourd’hui le joyeux, celui qui reviendra est-il à présent complet ? Je ne sais plus que dire, je n’ose plus rien dire, je vais me laisser faire, modeler, transformer, révéler…

Villafranca del Bierzo est un endroit idéal pour entamer cette dernière ( ?) mutation, voici ce que l’on peut y voir à son entrée (Œuvres de Arturo Nogueira)

"La sculpture, art majeur !"

Quant au comité d’accueil, que Cocteau m’en soit témoin, il est fait pour accompagner celui qui vogue entre 2 mondes… (Cette image est spécialement dédiée à Manuel Jr - multirécidiviste du Prix d'Excellence scolaire - et à David Torondel - magicien de mon site -tous 2 grands amateurs de chats devant l’Eternel)

"No comment"

Nous mangeons ici ce soir, je ne serais pas étonné d’y voir passer l’autre Jean qui viendrait me dire que peut-être, un jour ou une nuit, je pourrais moi aussi être invité à traverser le miroir…

"Merci Alice !"

N.B : Demain, nous dormirons à O Cebreiro, petit village perché à plus de 1'300 mètres d’altitude où je doute de disposer d’un réseau GPRS pour envoyer ma chronique. Rendez-vous donc dimanche à Calvor, situé lui à 400 mètres, pour vous dire ce qu’il restera de nous après 2'000 mètres de dénivelé en 2 jours et presque 70 kilomètres de marche…

by Manuel at 19:44:46
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Commentaire de: nicole
Sur les Ailes de la Musique ... l'Oiseau vole, s'envole...

L'architecture des oeuvres qui résitent à l'usure du temps est un très-or d'équilibre.
On entre en vibration (en accord, en harmonie, en re-lation avec ... ce Lui ou c'Elle que l'on est réellement). Il n'y a pas de secret, Tout, en Musique est concret, palpable, sym-pathique. je parle bien évidemment de la Bonne Musique: celle qui, pour commencer, re-Specte les principes (règles) d'harmonie.

La Musique c'est l'homéo-pathie par le Son.
Elle re-joint la personne (dans ses cordes) là où elle se trouve (quand elle se cherche ... souvent seulement si elle est (r-)appelée à elle-même par une maladie)et, en Musique, re-monte à la Surface, en douceur, tout ce qui la trouble profondément (dis-cordance équivaut à trouble) et il suffit bien souvent de se contenter d'être là, présent à soi-même, pour l'accompagner. C'est fou comme un tout petit "Rien" peut tout faire basculer dans un sens (mal-heureux) et comme un autre tout petit "Rien" (une Nuance) peut tout faire basculer dans le sens opposé (bien-heureux). L'un étant le contre-point, le contre-poids de l'autre pour le parfait équi-libre.
J'ai l'immense privilège de pouvoir travailler 10 à 15 heures par jour sur la concordance des sons... Quelle chance ! Quel bonheur !
Ceci dit, pour "ce soir" ça suffit, je vais mettre mon corps au lit pour quelques heures...
Merci pour toutes vos belles photos et vos impressions. Je suis heureuse de savoir que vous allez bien, ça fait plaisir!
gn

17.07.04 @ 04:25
Commentaire de: nicole
17.07.04 @ 04:26

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