05.07.04
41 ème étape – 5 juillet – Hontanas Boadillo del Camino
(28,84 kilomètres et 36’982 pas – Cumulés : 1'045,32 kilomètres et 1'295’837 pas)J’avais envie de vous parler de ces moments où la magie est partout, quelle que soit la signification du mot « Magie » pour chacun d’entre nous, où les vibrations sont si intenses, le ciel si lumineux, les pierres si chaudes, le chemin si bavard que l’on a presque l’impression d’avoir compris quelque chose…
De ces instants, pendant lesquels le pèlerin a force d’avoir nourri de sa sueur le bruissement millénaire de ces endroits qu’il découvre se rend compte qu’il les connaît si bien. De cette sensation fugace mais si réconfortante d’avoir trouvé sa place dans le grand jeu de l’éternité, auquel il ne sera invité que le temps d’un clignement d’œil de l’Univers.
J’avais envie de vous parler de ces émotions si fortes mais c’est indescriptible et interdit aux pauvres humains que nous sommes. Si nous avions le talent d’exprimer ces choses, sans doute serions-nous plus que ce que nous sommes et transcenderions-nous nos misérables existences ?
Je ne préjuge pas de l’avenir, peut-être meurt-on 2 fois sur le Chemin de Compostelle, mais je sais à présent que je suis mort pendant la traversée de l’Aragonés. Quelque part entre Jaca et Sangüesa, j’ai dit au revoir à celui qui était parti car son chemin à lui s’est arrêté là-bas, trop de souffrances, trop de pleurs, trop de malheurs, il n’est pas parvenu à aller plus loin et s’est endormi…
J’ai mis plusieurs jours pour le comprendre, pour ressentir de nouvelles sensations, si différentes des précédentes et pourtant si semblables. Comme le même repas pris dans une nouvelle vaisselle ou la première sortie avec des vêtements neufs. La découverte est sensible, les premiers pas plus qu’hésitants, il n’y a pas de premiers pas parce que je n’avais pas réalisé qu’il s’agissait de cela.
Je me sentais vide, je ne comprenais plus rien, il manquait quelque chose ou il y avait quelque chose de différent, je ne me reconnaissais pas. La crise s’est révélée à Villafranca Montes de Oca lorsque ce bus s’est arrêté devant moi et que je suis monté dedans. Je voulais fuir, je n’acceptais pas ce que je ressentais et j’imaginais, naïf, qu’il s’agissait de l’environnement.
Lorsque je suis arrivé à Burgos et que le malaise était toujours là, j’ai dû admettre qu’il s’était passé quelque chose. Quelques jours de maturation plus tard, aujourd’hui, je suis en confiance pour oser utiliser mes nouveaux habits, je ne m’y suis pas encore fait, je balbutie ma nouvelle partition mais je me réjouis parce qu’elle est belle et porteuse d’avenir.
Je ne sais rien de plus, je n’ai rien de plus et pourtant tout est si différent, il y a juste que j’ai l’impression que l’être de douleur qui m’accompagnait depuis que je suis né à trouvé sa paix, dans cet endroit que je ne connaissais même pas, quelque part entre Jaca et Sangüesa. J’en suis si heureux…
To be continued…
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