22.03.05
Mardi 22 mars
Sale temps pour les légendes !
Je n’avais même pas encore 10 ans que mon imagination était entraînée par son aura. Joueur amateur d’échecs, je tentais de prévoir à chaque partie un coup de plus que mon adversaire, et même si cela marchait plutôt bien, je ne parvenais pas à comprendre comment il était possible de se concentrer pendant des heures et des heures, en projetant coup après coup les milliers de combinaisons possibles à partir de l’état actuel de la partie ?!
Pourtant lui, y parvenait !
A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, la guerre froide était à son apogée et la propagande de l’Ouest nous assénait nombre de vérités incontestables :
« Les Rouges étaient sanguinaires ! »
« L’Union Soviétique allait déclencher la troisième guerre mondiale… »
« Le bloc communiste était d’ores et déjà mieux armé et plus fort que nous… »
« Il » représentait une des meilleures lignes de défense, la preuve que l’on pouvait les battre, que « l’on » était plus intelligent ! Il ?
Bobby Fisher, la légende ultime des échecs. Un des héros de mon adolescence, celui dont j’aurais aimé avoir le cerveau, ce super calculateur (On ne disait pas encore ordinateur) qui avait battu l’étoile rouge, Boris Spassky.
Mon héros a bien vieilli, il est en délicatesse avec le pays dont il a porté l’honneur au pinacle en ravissant en 1972 à l’Union Soviétique le titre de Champion du Monde d’échecs. Il croupit dans une prison japonaise depuis juillet 2004. Pourquoi ?
Pour avoir rejoué, vingt ans plus tard, contre ce même Boris Spassky en 1992 à Belgrade alors sous embargo américain ! Il risque 250'000 dollars d’amende et 10 ans de prison, W a la mémoire courte, le bras toujours vengeur et puissant puisque Tokyo est à ses ordres.
Mais aujourd’hui, coup de tonnerre, Reykjavik terre de son exploit majeur vient de lui accorder la nationalité islandaise, le cauchemar s’achèvera peut-être bientôt pour un génie de 62 ans, fatigué, qui a renoncé à exercer son art et qui amer de tant d’ingratitude a déclaré que les attentats du 11 septembre étaient : « une merveilleuse nouvelle… ».
Comme quoi, on peut être un exemple dans un domaine et un repoussoir dans un autre… ou les méandres d’un cerveau différent…
A demain !
by Manuel at 11:38:49
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