21.01.06

Dimanche 22 janvier

Un fantôme revient demander des comptes…

Près de 30 ans après le 28 juillet 1976, l’avant-dernier condamné à mort français est de retour ! Christian Ranucci a patiemment attendu pour que son bourreau, Valéry Giscard d’Estaing, ne puisse quitter ce bas-monde avec l’âme en paix !

Je ne peux imaginer que quiconque ait pu oublier « l’affaire »…

J’allais avoir 13 ans, mon univers s’agrandissait chaque jour et au début du mois de juin 1974, la nouvelle de l’enlèvement de Maria-Dolorès est tombée. Ma mère était révoltée par ces « pervers qui s’en prennent aux enfants », je me souviens parfaitement que ce soir-là, lorsqu’il a fait nuit, j’ai envoyé des pensées à cette petite fille pour qu’elle n’ait pas peur et revienne en bonne santé chez elle (Pathétique solidarité d'enfants malheureux...).

Très vite, les médias ont annoncé qu’elle avait été assassinée, ma mère a pleuré, j’ai fait pareil et nous avons conspué celui, définitivement inhumain, qui avait pu faire cela.

Les mois ont passé et peu de temps avant le procès de Christian Ranucci, une autre affaire sordide est survenue au début de 1976, l’assassinat de Philippe Bertrand, 7 ans, par l’infâme Patrick Henry qui pendant le temps des investigations policières n’hésitera pas à se pavaner à la télévision en déclarant que « l’ordure qui a fait ça mérite la peine de mort… ».

L’opinion publique sera littéralement à bout après les aveux de Patrick Henry, mi-février 1976 ; le procès de Christian Ranucci débutera quelques jours plus tard, le 9 mars, avec une seule attente : « qu’il crève » pour tous les enfants martyrs, pour qu’enfin un de ces salauds paye !

Il va payer…

Il va payer malgré un dossier pour le moins bancal, une instruction pour le moins bâclée et des aveux pour le moins suspects.

Je ne vais pas revenir sur l’ensemble des éléments qui ont forgé ma conviction, non que Ranucci était innocent mais qu’il était impossible de le tuer avec autant de doutes, autant de zones d’ombres, autant de preuves visiblement « travaillées » par les autorités.

Nous sommes en juin 1976, la Cour de Cassation vient de confirmer le jugement et donc la peine capitale, ceci malgré les questions sans réponses du dossier, ne reste plus dès lors que la grâce présidentielle.

Au-delà d’une position de principe telle que la mienne depuis bien longtemps, la peine de mort est un crime, s’il y a une affaire pour laquelle la grâce doit s’appliquer c’est bien celle-là.

Aucune certitude ne pouvant émerger d’un tel fatras, le doute raisonnable doit empêcher une sanction sans retour, la grâce doit prévenir tout risque d’erreur judiciaire… et une existence en prison ce n'est pas rien...

Que nenni, son Excellence Giscard, celui qui s’invitait chez les éboueurs pour montrer qu’il était très « peuple » quoi… va froidement, politiquement, envoyer à l’échafaud un jeune homme de 22 ans qui a toujours clamé son innocence, à part d’étranges aveux « offerts » à des policiers qui ont aussi offert à l’instruction des pièces à conviction définitivement magiques et des témoignages « ciselés ».

Le 28 juillet 1976, moins d’une semaine avant mes 15 ans, le monstre est guillotiné !

Game over ?

Pas tout à fait…

Gilles Perrault, en 1978, va reprendre toute l’enquête et aboutir à des conclusions diamétralement différentes, l’affaire du « pull-over rouge » était lancée, elle n’allait plus quitter le devant de la scène.

Je ne peux que vous encourager à lire cet ouvrage car au-delà de la conviction absolue de son auteur de l’innocence de Ranucci, je mets au défi toute personne honnête de ne pas avoir de réels et douloureux doutes sur la culpabilité du « monstre » en le refermant …

Janvier 2006, badaboum !

Nouveau coup de tonnerre dans le ciel judicaire français (Après Outreau, il s'en serait bien passé, voir à ce sujet ma chronique du 19 janvier dernier), on vient d’apprendre que le parquet de Dinant qui a instruit le dossier du tueur en série, Michel Fourniret, avait transmis des informations à la police tricolore sur sa possible implication dans le meurtre de Maria-Dolorès Rambla, soit l’affaire pour laquelle Christian Ranucci a été exécuté en 1976.

Fourniret a en effet séjourné dans la région de Berre au moment des faits, il possédait une Peugeot 307, comme Ranucci, et aurait laissé entendre aux enquêteurs belges que…

" La peine de mort est la négation de toute civilisation... "

L’avenir nous en dira plus mais la dernière requête de Christian Ranucci à ses proches au moment de monter à l’échafaud : « Réhabilitez-moi… » est peut-être en train de sortir des limbes.

Longue vie, très longue vie monsieur le président Giscard et surtout très longues nuits…

Bon dimanche paisible à tous les autres et à demain !

N.B : De nombreuses et pertinentes informations sont disponibles à ces adresses : http://dossierranucci.org/index.html & http://www.associationranucci.org/

XX(
by Manuel at 22:46:07

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