21.12.04

Lundi 20 décembre

Indifférence…

"No comment"

Perdu à la radio, quelque part dans un flot ininterrompu d’informations en tout genre, un reportage m’a particulièrement touché. Le lancement concernait un homme sans abri d’une soixantaine d’années qui était mort de froid ce week-end dans une ville française.

Suivait le rappel des différentes mesures qu’un « plan de vigilance » active en phase II lorsque les températures descendent à moins 5 degrés et en phase III à moins 10 degrés.

D’autres chiffres tentaient de cerner la réalité de ces fantômes qui vivent au contact de la population urbaine de la plupart des pays civilisés et qui font dorénavant partie du paysage.

A l’égal de bien d’autres sans doute, j’écoutais d’une oreille distraite, concentré que j’étais sur la magnifique teinte jaune d’or que j’appliquais avec délectation dans une salle de bain, et puis…

Elle s’est mise à parler ! Elle ?

Une jeune femme anonyme, à la trentaine hésitante, que la journaliste avait trouvée au coin d’une rue anonyme. Elle expliquait qu’elle dormait dans la rue parce qu’elle n’avait plus rien : « Ce n’est pas compliqué à comprendre… ».

Mais sa voix mal assurée avait des accents de fierté apeurée, j’ai tendu l’oreille et calmé ma main pour mieux l’écouter. La journaliste lui demandait pourquoi elle ne profitait pas des centres d’hébergement accessibles et leur préférait son lit de pavés, la voix se fît encore plus assurée pour répondre : « J’ai un chien et lorsque l’on a un chien, aucune structure ne vous accepte. Je n’abandonnerai pas mon chien alors je reste dehors même si je suis inquiète pour lui avec ce froid… ».

Mon esprit imagina alors un vieil animal dont elle avait la charge et la démarche me sembla aussi noble qu’insensée. Mais tout bascula à la conclusion de la journaliste, le chien avait 4 mois !

Mon pot de gel teinté à l’ocre « jaune d’or » eut d’étranges reflets, je vivais donc dans une société dans laquelle des personnes humaines, comme moi, devaient trouver dans la possession d’un chien et surtout dans les contraintes qu’il représentait la preuve qu’elles existaient et qu’elles étaient importantes pour quelqu’un ?!

J’aurais aimé pouvoir lui dire qu’elle était importante pour moi et pour beaucoup d’autres mais j’étais entouré de jaune d’or et elle, de gris froid.

Les premières paroles d’une chanson écrite par votre serviteur avant Compostelle me sont alors revenues en mémoire :

Moi ma couleur
C’est celle de la peur
Heures pour heurts
Pourquoi on meurt ?


Mais elle ne surfe pas sur Internet et je ne vis pas dans la rue, les cloisons sont bien en place, nous pouvons dormir au chaud et tranquilles…

:'(


by Manuel at 07:31:02

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