04.08.05
Jeudi 4 août
Crimes contre l’humanité
Je me suis longuement interrogé avant de mettre en ligne cette chronique car elle traite d’un sujet sensible entre tous et je ne voulais ni choquer, ni culpabiliser, encore moins juger; mais s’il existe un espace de liberté d’expression sur Internet, j’aspire à ce que mes pages en fassent partie.
Dans le respect de tous et avec la compassion sincère à laquelle chacun a droit…
« L’affaire des 351 fœtus et enfants mort-nés »
L’hôpital Saint-Vincent de Paul de Paris est pris depuis quelques jours dans une polémique qui fleure mauvais le scandale d’été pour médias en mal de sujets qui pourraient enfin réveiller des ventes anémiques pour cause de vacances.
Les politiques français rivalisent de déclarations percutantes sur « l’étonnement », « l’incompréhension » voire le « dégoût » que cette affaire leur cause, quelle belle unanimité désintéressée…
Il semble à l’heure où j’écris ces lignes que les parents concernés avaient signé les papiers administratifs selon lesquels ils renonçaient à « récupérer » le corps de leur enfant, certains avaient même accepté que des examens soient pratiqués afin de « faire avancer la science ».
Cela n’enlève pas son caractère inacceptable à cette conservation dont les termes n’étaient ni réglementaires, ni respectueux des humains concernés…
La mise en garde préalable vous a sans doute semblé exagérée car mes propos sont restés jusque là mesurés, si leur forme ne va pas changer leur substance va drastiquement évoluer car l’affaire de Saint-Vincent de Paul stigmatise à mes yeux une horreur d’une bien plus large dimension !
Avant de refermer la bien triste page des 351, rappelons-nous quelques instants l’œuvre de Saint-Vincent de Paul qui a fondé, entre autres bienfaits, la Compagnie des dames de la Charité des Enfants trouvés. Que son nom soit indirectement associé à « ça » m’attriste car si on avait conservé la mémoire de son œuvre, rien ne se serait passé…
Changement d’échelle
351 contre 220'000, voilà le vrai sujet de cette chronique. Pire encore 351 décédés contre 220'000 vivants, pourtant à la fin de l’année, ils seront tous morts !
L’avortement… Mystère moderne pour votre serviteur autant que fardeau moral, comment une société dite évoluée peut-elle promouvoir un meurtre thérapeutique au rang des avancées sociales majeures ?
Comment peut-on accepter que l’assassinat d’un être humain soit assimilé autant à un droit de la femme qu’à une simple méthode de contraception ?
Si une immense majorité peut sans doute comprendre qu’il existe des situations dans lesquelles la naissance d’un enfant serait une perpétuation de l’horreur qu’a représenté sa conception (Viol, inceste, etc…), qu’en est-il vraiment de la plupart des autres cas ?
La société sait dorénavant qu’il est possible d’avorter et ne considère plus ce geste comme autre chose qu’une des possibilités « d’annuler » une erreur passagère. Nous avons tous entendu de terribles histoires (En tout cas pour moi) qui racontaient des vies de femmes avec plusieurs avortements, quelquefois plus d’une dizaine.
« L’invention » du Docteur Etienne-Emile Beaulieu, la célébrissime pilule abortive RU486, (Extraordinaire avancée pour diminuer le traumatisme post-avortement maternel), ayant encore allégé le geste.
Discours traditionnaliste catho, pensez-vous ?
Pas exactement…
Etapes sur mon chemin de croix personnel serait plus juste, car je suis à placer dans cette catégorie que je vilipendais plus haut. Je suis responsable et coupable (En référence à un futur candidat socialiste à la Présidence de la République française qui dans le scandale du sang contaminé s’était présenté comme « responsable mais pas coupable ») d’avoir conçu un enfant qui n’est pas né parce qu’une canule l’a tué…
Et par 2 fois !
J’avais 18 ans la première fois et mon amie d’alors n’a rien voulu entendre, elle « ne le garderait pas ». Ma mère, très malade (Elle allait décéder peu de temps après) a tenté de la convaincre qu’elle « ne pouvait pas faire ça » mais rien n’y a fait.
J’avais 29 ans la seconde fois, j’avais commis l’impardonnable erreur de laisser nos pulsions prendre le contrôle et mon amie de l'époque est tombée enceinte. Sa situation aussi bien physique qu’émotionnelle interdisait cette grossesse, l’enfant a donc été sacrifié, encore une fois…
Lorsque je critique avec virulence l’avortement, c’est en connaissance extérieure de cause. Je n’ai pas eu cette vie dans mon corps mais je l’ai eu dans mon cœur et je la conserve depuis dans mon âme. J’ai eu quelque part ces enfants, le premier a 26 ans, le second 15 ans, ils m’accompagneront toute ma vie, à défaut de la leur.
Ils étaient avec moi sur le Chemin de Compostelle, ils seront présents sur celui de Rome. Ce n’est pas un choix, c’est une réalité, l’homme n’a pas le droit d’interrompre une vie qu’il n’avait pas le génie de donner, on ne s’improvise pas Créateur.
Je n’en ai pas parlé lors de notre marche vers Santiago, je ne sais pas pourquoi, peut-être n’étais-je pas prêt ? Lorsque l’affaire des 351 est sortie, c’est devenu trop fort, je devais permettre à ces vies terrestres interrompues d’exister et de s’exprimer.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », Lavoisier en a eu la vision. Compostelle m’a éclairé parce que si leurs corps ont été torturés à mort, leurs âmes sont intactes et leur pureté est source d’inspiration pour le père que je n’ai pas su être...
A demain
by Manuel at 09:29:32
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Commentaire de: Sylvie
Mes plus vives félicitations pour votre sincèrité et votre conscience. Si tous les hommes étaient comme vous...
Contrairement à ce que vous écrivez, vous êtes un Père même pour "ceux-là", j'ose dire que vos enfants ont de la chance !
Sylvie
04.08.05 @ 13:15
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