15.04.06
Samedi 15 avril
L’importance d’une mère…
Nous connaissons un homme qui est divorcé et qui a la garde de ses 2 enfants (Appelons-le Paul pour plus de commodité), bien que le cas soit plus rare qu’une garde attribuée à la mère, rien que de très exceptionnel. A force de le fréquenter et de nous apprécier mutuellement, le dialogue s’est fait plus fréquent et surtout plus libre.
C’est ainsi que nous avons appris que son ex-épouse avait perdu pied, il y a quelques années, et qu’elle était depuis internée.
Paul nous décrivait avec émotion ses efforts pour que ses enfants ne soient pas trop perturbés par les rares visites qu’ils pouvaient rendre à leur Maman dans l’environnement si particulier d’une institution spécialisée, la difficile gestion des questions avant et après. Pourquoi était-elle là ? Quand sortirait-elle ? Que devaient-ils dire aux « autres » ?
Nous suivions son chemin de respect, d’amour et de crainte ; ses petits ne seraient-ils pas dès le départ pénalisés par la « différence » de leur Maman ?
Les choses semblaient trouver leur point d’équilibre jusqu’à la semaine passée où un message nous a appris qu’elle venait de mettre fin à ses jours…
Les enfants n’ont même pas 10 ans (Je reste volontairement flou, il est hors de question pour moi de donner le moindre élément d’identification) et Paul était effondré. Ses petits venaient de perdre leur Maman, lui son ex-femme et il nous apprenait alors que son propre père s’était suicidé lorsqu’il avait le même âge.
A travers la tristesse, son interrogation était clairement celle d’une « malédiction », comment à une génération d’intervalle les mêmes évènements pouvaient-ils frapper un père et ses enfants ?
Avec au-delà, un sentiment de culpabilité d’être la cause du drame de ses petits…
Il est connu que ce qui a affecté une génération se reproduit souvent pour la suivante au sein d’une famille, poids de l’histoire et des non-dits, voile de honte qui a recouvert trop vite le drame empêchant le travail de compréhension et de deuil, compensation, les causes sont nombreuses et ma psy d’épouse serait plus compétente que moi pour en parler.
Je ne souhaitais pas analyser la genèse de ce que vit Paul, j’avais simplement envie de lui envoyer une pensée ainsi qu’à ses enfants, leur dire que le calvaire vécu par ma propre mère et son décès à 49 ans après 5 longues années de terrible maladie m’avait convaincu que je mourrais avant 30 ans.
La vie que ma mère n’avait pas eue, je n’avais pas le droit de l’avoir, c’était la loi.
Laquelle ? Je ne pourrais vraiment l’expliquer, c’était ce sentiment de culpabilité qu’un enfant ressent si souvent envers les drames vécus par ses géniteurs. Ces êtres exceptionnels à qui il doit la vie, il est hors de question qu’il puisse avoir un meilleur destin qu’eux.
Les choses évoluent sensiblement lorsque l’on devient parent à son tour mais c’est une autre histoire.
Les enfants de Paul ont une montagne à gravir, celle de leur propre valeur, car si leur mère a choisi de partir c’est qu’ils n’étaient pas assez important pour qu’elle s’intéresse à eux. Ce n’est pas vrai bien sûr mais c’est ce qu’ils risquent de penser, voire pire, d’être incapables de formaliser vu leur jeune âge mais de profondément ressentir.
J’ai souvent pensé à eux depuis le drame, j’aimerais pouvoir leur raconter ma propre errance de fils unique orphelin de mère, j’aimerais pouvoir partager ces années de souffrance, celles de ma mère puis celles pendant lesquelles je me suis cherché une valeur et une raison d’être là plutôt que d’être las…

Mais cela ne servirait à rien parce qu’ils sont trop petits et qu’ils ont surtout besoin d’amour et d’informations simples mais claires « Maman était malade vous savez, ses souffrances sont à présent terminées » et surtout, surtout :
« Maman vous aimait tellement…»
A demain
by Manuel at 06:52:49
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