21.03.05
Lundi 21 mars
La Société peut-elle, doit-elle, gérer le droit à la vie ?
L’affaire « Terri Schiavo » qui secoue actuellement les Etats-Unis est emblématique du débat qui entoure la, voire les notions, d’euthanasie. Elle en serait même une caricature si des personnes bien réelles n’en souffraient quotidiennement dans leur âme.
Pour ceux qui ne seraient pas familiers de ce drame, en voici un résumé. Terri Schiavo est une femme américaine de 41 ans qui est dans le coma depuis 15 longues années, suite à un accident vasculaire.
Sa situation est terrible puisqu’elle respire sans assistance mais étant dans un coma dépassé, elle ne peut se nourrir. Elle est donc alimentée artificiellement ; c’est ce tube qui est au centre de la polémique car son mari, Michael, estime que sa femme ne souhaiterait assurément pas poursuivre cette vie-là, dans ces conditions-là, si elle pouvait s’exprimer et demande que la justice la laisse mourir dans la dignité.
Les parents de Terri, Bob et Mary Schindler, exigent au contraire qu’elle soit maintenue en vie jusqu’à ce qu’un traitement adéquat puisse la guérir.
Par 2 fois déjà, Michael a obtenu le débranchement de sa femme et par 2 fois les parents ont eu recours à la justice pour que le tube soit remis en place.
W, qui ne rate jamais une occasion de démontrer à quel point la préciosité de la vie est une notion à cathéter variable, a écourté son week-end pour autoriser le Congrès à légiférer sur cette question.
Pendant ce temps, à Pinellas Park dans l’état de Floride, les parents et supporters de ceux-ci se sont réunis devant la clinique ou Terri agonise depuis vendredi. Certains ayant même été arrêtés par la police pour avoir tenté de donner « symboliquement » du pain et de l’eau à la malheureuse.
La situation devrait se dénouer cette semaine puisqu’une décision définitive ( ?) serait prise au niveau fédéral. Qui peut en être sûr dans la mesure où la mort devant survenir par inanition, les adversaires disposent d’une quinzaine de jours pour poursuivre leur combat juridique…
Qui a raison ?
Comment trancher dans un tel débat ?
Dans une situation « normale », je dirais que les proches devraient être les seuls à pouvoir décider en l’absence de volontés laissées par la personne elle-même. Mais dans le cas d’espèce, qui a autorité sur l’autre ? Le mari d’avoir été choisi par l’adulte Terri ou les parents d’avoir donné naissance à la petite Terri ?
La vie à tout prix ou la mort qui surviendra de toute façon un jour ou l’autre ? C’est une question si intime, si fondamentale que ce raout en est la négation.
L’indispensable sérénité qui devrait présider à ce genre de réflexion est si loin que la cacophonie politico-médiatique qui s’est emparée de cette affaire démontre une fois de plus que l’essence même de nos sociétés se perd ou s’est perdue…
En conclusion, rappelons que les Etats- Unis ont condamné à mort et exécuté des mineurs et des handicapés mentaux en violation des Conventions Internationales sur les Droits de l’Homme, la Vie n’a donc pas la même valeur selon qu’elle peut être corrélée à l’audimat ou pas.
Je ne peux m’empêcher de penser que l’éclatement de cette affaire si peu de jours avant Pâques ne peut être un hasard !
Et si nous en profitions pour réfléchir sur le sens du week-end prolongé qui s’annonce ?
A demain…
by Manuel at 08:43:53
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